Le 8 juillet dernier, la Ville de Montréal a annoncé la transformation du port de plaisance de Lachine en « vaste parc riverain accessible à l’ensemble de la population ». Ce projet a fait couler beaucoup d’encre, comme l’a illustré récemment le dépôt d’une demande d’injonction contre la Ville de Montréal en Cour supérieure*. Le Groupe de recommandations et d’actions pour un meilleur environnement (GRAME), Imagine Lachine-Est, la Fondation David Suzuki et Nature-Action Québec soutiennent grandement ce projet, alors que le verdissement du site offrira des bénéfices majeurs pour les communautés environnantes.

Face aux dérèglements climatiques, le verdissement et l’accès à l’eau sont devenus des enjeux prioritaires. Ce parc riverain de 36 200 m2 comportera 73 % de surface végétalisée alors qu’il est actuellement minéralisé sur 62 % de sa superficie. De plus, un milieu humide occupant 6 % de l’espace sera reconstitué. Mais au-delà de ces chiffres, que représente réellement la création d’un tel parc ?

Le verdissement et le développement de milieux humides comptent parmi les manières les plus intéressantes de mitiger l’érosion des sols. Ainsi, selon une étude réalisée en 2013**, le contrôle de l’érosion que procurent les écosystèmes représente une valeur de 103,1 millions de dollars par an en protection et remplacement des infrastructures endommagées sur le territoire de la Ceinture verte de Montréal.

Biodiversité

Le projet de parc riverain jouera aussi un rôle d’assainissement du sol, de l’eau et de l’air dans le secteur, en plus d’en accroître la biodiversité. Les milieux humides sont des écosystèmes de transition entre la terre et l’eau, ce qui en fait des habitats riches en espèces. Ils peuvent également capter d’importantes quantités de gaz à effet de serre. La plantation d’arbres et d’autres végétaux sur 26 426 m2 y contribuera également. Les arbres, même avant d’arriver à maturité, peuvent absorber de grandes quantités de polluants, tels que les oxydes de nitrogène, le dioxyde de soufre, l’ozone et le monoxyde de carbone.

Ce parc s’avère un allié pour l’environnement comme pour la santé publique. La population montréalaise est aux prises avec des canicules de plus en plus fréquentes, ayant connu trois records de chaleur l’été dernier, un phénomène intensifié par les changements climatiques. Le verdissement du site et l’augmentation de l’offre d’activités nautiques non motorisées seront autant de sources de fraîcheur pour les citoyens, y compris pour les 10 000 nouveaux Lachinois qui résideront dans le futur écoquartier de Lachine-Est.

Plusieurs études démontrent qu’un contact rapproché avec la nature diminue la fatigue mentale et le stress, contribue à une guérison post-opératoire plus rapide et diminue même le taux de glucose sanguin.

Le déficit nature est un enjeu de santé publique inquiétant qui se caractérise par une déconnexion de la nature dans nos activités quotidiennes. Ce phénomène affecte notamment nos jeunes chez qui les problèmes d’obésité, d’hypertension, de diabète, d’hyperactivité, de difficultés d’attention, de désordres liés au stress et de troubles du comportement sont en hausse. L’inaccessibilité des environnements naturels est également un vecteur d’inégalités très perceptible dans les milieux urbains, réputés comme plus pollués. Ce projet d’accès aux activités aquatiques et aux berges pour un plus grand nombre contribuera à réduire ce déficit nature.

Nos organisations œuvrent à traduire les exigences environnementales en solutions concrètes au service des populations. Ensemble, nous croyons fermement que le combat contre les changements climatiques passe notamment par l’action locale et communautaire. En ce sens, le projet de parc riverain est un pas important dans la bonne direction pour l’arrondissement de Lachine, ainsi que pour l’île de Montréal.

Cosignataires : Pascal Bigras, directeur général de Nature-Action Québec ; Jean-François Lefebvre, vice-président exécutif d’Imagine Lachine-Est ; Julie Roy, responsable de la mobilisation citoyenne à la Fondation David Suzuki

* Lisez « Des plaisanciers contestent la fermeture devant les tribunaux »

** Consultez le rapport sur Le capital écologique du Grand Montréal

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