La pandémie a entraîné l’apparition d’un nouveau concept : la distanciation physique. Ce nouveau mode de vie, encouragé en raison du mode de propagation du virus, comporte des conséquences qui semblent s’opposer à une certaine idée de l’urbanité. Incertains face à l’avenir, plusieurs vivent au quotidien les effets du choc économique actuel. Il faut agir pour la relance.

En temps de crise économique, les gouvernements jugent toujours pertinent d’accélérer les investissements publics. Encore dernièrement, c’est la voie qu’a privilégiée le gouvernement du Québec avec le projet de loi 66.

Nous croyons qu’il faut aller plus loin. Les investissements publics couvrent 40 % des projets réalisés, et les investissements privés, les autres 60 %. Pour donner plein effet à une volonté de relance, il serait avantageux d’adopter un plan d’accélération de réalisation des projets déjà sur la table, d’attirer davantage d’investissements et de préparer l’adaptation des immeubles aux mesures sanitaires.

Dans une seconde partie, nous proposerons que soit lancé un vaste chantier de construction de logements.

Accélérer la réalisation des projets d’envergure déjà sur la table

Dans les cartons de la Ville se retrouvent de nombreux projets d’une valeur de plus de 50 millions de dollars. On peut penser notamment aux entrées est et ouest du centre-ville, le quartier des Faubourgs et le secteur Bridge-Bonaventure. Pour ces secteurs comme pour tous les projets d’envergure, nous suggérons la mise sur pied d’un comité de coordination et de suivi sous la direction d’un responsable de Montréal et d’un autre du gouvernement du Québec. Chaque unité administrative aurait à déléguer un répondant pour répondre aux requêtes du comité suivant leur évaluation mensuelle. Assurer une meilleure fluidité entre les différents acteurs dans le respect des règles environnementales et d’éthique accélérera la réalisation des grands projets et nous permettra de sortir la tête de l’eau plus rapidement.

Attirer davantage d’investissements privés

Tout investisseur cherche le meilleur horizon de réalisation. De l’idéation à la réalisation, Montréal peut certainement s’améliorer à ce titre.

Deux orientations devraient nous guider. D’abord améliorer la progression administrative des dossiers. Ensuite, chercher réellement à arrimer les interventions des différents acteurs, publics ou privés, au moment de l’exécution des travaux.

Les administrations publiques doivent améliorer les suivis administratifs, évidemment dans le respect des normes établies. Montréal peut attirer d’éventuels investisseurs en adoptant un système de traitement s’appuyant sur des indicateurs de performance incluant l’adoption de tableaux de suivi précisant les délais de traitement attendus et une notification automatique à l’expiration des échéanciers prévus.

Au chapitre de la réalisation, force est d’admettre que nous avons du progrès à faire. Combien de fois avons-nous vu des chantiers s’étirer faute d’une réelle coordination ? Plusieurs projets privés sont associés à la réalisation d’infrastructures comme des écoles, des parcs, des routes et des infrastructures souterraines sans que les responsables des divers travaux arriment leurs actions. À titre d’exemple, le réaménagement des artères du quartier des Faubourgs impliquera la Ville, le ministère des Transports et les promoteurs. Un coordonnateur à la réalisation veillerait à la fixation et au respect des échéanciers.

Adapter les immeubles aux mesures sanitaires

La pandémie change les habitudes, il faut savoir s’y adapter. Avec les progrès du dépistage, on peut mieux identifier les lieux de propagation. Il y a lieu de réfléchir maintenant aux protocoles que nous devrions adopter dès que nous quitterons la zone rouge. Le taux d’occupation des espaces de bureaux limité à 25 % doit être revu, l’accès au transport public encouragé. Ce qui est surtout nécessaire, c’est d’associer à ces nouveaux protocoles un sentiment de confiance. Tant que le vaccin se fera attendre, nous devons apprendre à vivre avec le virus.

Revoir la fiscalité

Montréal détient le championnat des villes avec le fardeau d’impôt foncier le plus élevé. C’est aussi l’endroit où le secteur non résidentiel est le plus sollicité. En 2020, Montréal perçoit 53 % de ses revenus du secteur non résidentiel, lequel représente 19 % de la richesse foncière uniformisée.

Au fil des prochaines années, des efforts devront être faits pour rééquilibrer la situation.

À court terme, Québec doit d’abord soutenir les propriétaires fonciers qui sont touchés par le projet de loi 67 qui les condamne à payer un taux d’impôt foncier sans tenir compte de la baisse de la valeur en raison de la crise sanitaire.

Ensuite, en attendant la reprise, Québec pourrait avec Ottawa choisir d’alléger le fardeau fiscal du secteur non résidentiel et compenser les villes en conséquence.

Enfin, osons le sujet, n’est-il pas temps de revoir les sources de revenus du monde municipal ? Il s’agit certes d’un exercice complexe, mais un regard neuf s’impose. On dit que les crises peuvent devenir des occasions. Le choc sur l’immobilier agit comme révélateur de la camisole de force que représentent les outils fiscaux des villes. Face à Toronto ou Boston, Montréal a besoin de plus de flexibilité. Il pourra ainsi mieux planifier l’avenir et chercher à devenir leader parmi les villes attractives. Autant viser les bons championnats.

Demain : « Le grand chantier du logement »

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