Nuit d’horreur à Québec. Prolongation des mesures de confinement et reconfinement un peu partout sur la planète. Trudeau qui annonce un Noël plate. Un sacristain et deux mères de famille poignardés à mort au pays de l’égalité et de la fraternité. Un député de droite qui rêve tout haut d’un « Guantanamo à la française ». Trump qui vocifère et promet de contester une élection qui ne lui serait pas favorable. Le peuple américain qui se rue dans les magasins pour s’armer jusqu’aux dents. Sans oublier nos sensibles (et explosifs) débats sémantiques… Au secours !

L’année 2020 — ça fait un bout qu’on le dit déjà — est une année qui nous restera longtemps dans la gorge. Encore que pour l’instant, rien ne laisse entrevoir le retour de voies ensoleillées pour 2021. Il nous faudra puiser ailleurs, dans nos ressources personnelles, pour ne pas sombrer dans la grande déprime collective. Et nous devrons le faire relativement seuls, car on nous incite — qui eût cru qu’on en viendrait à ça un jour ! — à nous tenir le plus loin possible les uns des autres. Dans sa page Facebook, la cinéaste et comédienne Paule Baillargeon a dessiné récemment un bouddha qu’elle a coiffé de ce titre : « Même Bouddha en a marre ! »

Un jour, c’est sûr, des hommes et des femmes reviendront sur cette page d’histoire qui s’écrit sous nos yeux et dans laquelle nous sommes plongés malgré nous jusqu’au cou.

Mais au-delà des leçons qu’ils tireront — les archives du monde entier regorgent de conclusions tablettées qui n’ont strictement pas servi au cauchemar éveillé que l’on vit —, il faudra bien songer à l’éveil auquel on nous conviera sans doute. Pas celui de l’illumination, mais celui qui débouche sur une refonte en profondeur et un virage véritablement marquant de notre système de santé (au sens global du terme). Et qui a fait dire très justement au maire Labeaume (visiblement ébranlé lors du point de presse qui a suivi la soirée de samedi) que « les problèmes de santé mentale sont les plus grands problèmes de sécurité auxquels les grandes villes canadiennes seront confrontées au cours des prochaines décennies ».

On le répète avec la voix brisée à chaque tragédie : la santé mentale est l’enfant pauvre de notre système de santé. Il faudra pourtant donner un sérieux coup de barre si on veut renverser cette tendance, car au rythme où les conditions se multiplient, c’est au cycle sans fin de la folie humaine que nous serons condamnés. Et à une détresse sans cesse décuplée.

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