Chère Joyce, depuis que j’ai vu ta vidéo, je suis profondément bouleversée, à la fois triste et enragée.

Ce qui t’est arrivé n’aurait jamais dû arriver. Pourtant, bien que ce soit incroyable que ça se produise au Québec en 2020, personne chez les Premières Nations n’est vraiment surpris. On le sait, les préjugés et le racisme ne sont jamais loin de la surface.

Je veux te dire migwetc, merci, Joyce, d’avoir filmé ce qui t’arrivait.

Tous ont pu entendre la méchanceté et le mépris, tous ont été témoins de cette scène odieuse où ils ont entendu les insultes proférées à ton égard par ces personnes qui avaient la responsabilité de te protéger et de te soigner.

Maintenant, tous le savent, ils ne peuvent plus faire semblant que le racisme, ça n’existe pas.

Certains diront peut-être encore que c’est une exception, que ce n’est pas courant… Bien sûr, la majorité des travailleurs de la santé font leur travail avec compassion et intégrité, mais il y a les autres, ceux qui se cachent derrière le système pour faire leurs petites saloperies, un système qui est aveugle face au racisme.

Merci, Joyce, d’avoir montré au monde le vrai visage du racisme.

Si nos sœurs de Val-d’Or avaient pu filmer ce qui leur est arrivé lorsqu’elles ont eu affaire aux policiers de la Sûreté du Québec, si tous ceux qui ont subi des gestes à caractère raciste ou des actes violents avaient filmé tout ça, bout à bout, on aurait un long film d’horreur.

Le racisme est inacceptable et il faut que les choses changent. C’est ce que nous disons depuis des années. On ne cesse de le répéter, on l’a dit à des fonctionnaires, on l’a dit à des commissaires et on l’a dit à des ministres. Qu’ont-ils fait, qu’ont-elles fait ? On a eu droit à de belles excuses, de belles paroles… la rhétorique de circonstance.

Mais en ce 28 septembre 2020, tu leur as dit, Joyce, que toutes ces belles paroles, toutes ces excuses vides n’ont rien changé : le racisme ordinaire et le racisme systémique sont bel et bien présents et bien portants au Québec.

En sept minutes, tu nous as montré jusqu’où ça peut aller.

Merci, Joyce, pour ce rappel brutal.

Ton cri du cœur, Joyce, est plus fort que tout, plus fort que ces commissions, que ces multiples rapports et que tous ces discours vides. Que ce soit le timide rapport de la commission Viens ou tout autre rapport… rendus là, on s’en fout, qu’on cesse de tergiverser et de se renvoyer la balle et qu’on agisse !

Le premier ministre du Québec, son gouvernement et toutes les instances concernées se doivent de répondre par des actions et des gestes concrets pour contrer le racisme et mettre fin au racisme systémique dans les services publics.

Que ton cri résonne !

Tu as crié pour ta dignité, tu as crié pour ton peuple, tu as crié pour nous tous et nous toutes. Migwetc, Joyce !

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