La majorité des étudiantes et étudiants universitaires et leurs parents en conviennent : la prestation en ligne des cours du trimestre d’automne s’inscrit dans une saine logique sur le plan de la santé publique. Toutefois, beaucoup se préoccupent des effets de ce choix de mode de présentation sur la qualité de la formation, la vie étudiante et l’équité sociale.

La pandémie modifie indéniablement la traditionnelle « expérience sur le campus », cet aspect si important du cursus universitaire. Il n’en demeure pas moins qu’aux quatre coins du monde, des millions d’étudiants s’apprêtent à entamer un trimestre universitaire largement livré en ligne qui, bien que différent, n’en comporte pas moins d’importants avantages, non seulement pour la communauté étudiante, mais aussi pour l’ensemble de la société. Grâce à des approches innovantes, les universités ont maintenant la possibilité d’ajouter une nouvelle dimension à l’effet fondamentalement transformateur de l’enseignement supérieur.

Partout au Canada, des professeurs dévoués – sans oublier les membres des équipes curriculaires qui les soutiennent – ont réagi aux perturbations causées par la COVID-19 en reconcevant leurs cours de sorte à les donner en ligne à la rentrée. S’il faut effort et imagination pour élaborer un bon cours en présentiel, il en faut tout autant pour faire un usage optimal des outils d’enseignement dans un cadre numérique.

Pour la plupart des étudiants universitaires, l’apprentissage numérique n’a rien de nouveau ni d’intimidant. À preuve, avant la pandémie de COVID-19, 65 % des membres de l’effectif étudiant de l’Université Concordia avaient suivi au moins un cours en ligne. Selon un sondage pancanadien, plus des trois quarts des étudiants estiment que l’apprentissage en ligne est de qualité supérieure, égale ou presque aussi bonne que la formation en présentiel.

En effet, selon une croyance fort répandue, les étudiants apprendraient moins bien en ligne que dans le cadre concret d’une salle de classe. Pourtant, l’environnement virtuel fait souvent ressortir le meilleur chez les apprenants.

Bien que cela puisse paraître paradoxal, bon nombre d’étudiants admettent que l’apprentissage en ligne peut en fait se révéler plus personnalisé que les cours en présentiel.

Certains apprécient la souplesse de cette méthode qui leur permet de se familiariser avec la matière à leur convenance. D’autres sont plus disposés à participer activement à leurs cours puisqu’ils peuvent poser des questions par écrit, former des équipes ou clavarder avec leurs camarades. Ainsi, ils n’ont pas à lever la main en classe pour obtenir des explications ni à s’imposer la contrainte de contacter un professeur durant ses heures de bureau.

De même, de nombreux professeurs trouvent plus facile d’utiliser des outils d’analyse numérique pour suivre en ligne les progrès de leurs étudiants. Si l’un d’eux éprouve des difficultés, ils peuvent lui venir en aide sans délai.

Cela dit, l’avantage principal – et inattendu – du cyberapprentissage tient probablement à son analogie avec la nature évolutive du travail.

Il y a deux ans, soit bien avant l’apparition de la COVID-19, Concordia a commencé à élaborer une stratégie numérique exhaustive. Nous nous étions fixé pour objectif de créer un environnement virtuel de grande qualité à l’intention de tous les membres de notre communauté.

Aujourd’hui, il y a consensus sur la nécessité de fonctionner en mode numérique. Dans tous les secteurs d’activité, dans les entreprises de toutes tailles, la pandémie fait gonfler la demande pour une présence numérique à la fine pointe de la technologie.

Cet automne, les étudiants seront évalués sur leur maîtrise de compétences disciplinaires – tout comme ils l’auraient été en contexte présentiel. Cependant, les connaissances qu’ils acquerront dans l’environnement virtuel refléteront plus fidèlement les paramètres conceptuels de leur futur milieu de travail. Des étudiants internationaux se joignant aux activités de partout dans le monde, ce nouvel apprentissage expérientiel comprendra la gestion des collaborations en temps réel à l’échelle planétaire.

Pour favoriser la réussite de leurs étudiants, les universités doivent intensifier le mentorat offert par des membres du personnel, des diplômés ou des pairs, adapter leurs services-conseils en matière de planification de carrière et proposer des ateliers sur la gestion du temps et l’intelligence numérique dans l’univers virtuel.

Afin de créer ce sentiment d’appartenance communautaire qui constitue un élément fondamental de la vie étudiante, les universités doivent innover, notamment en transférant dans l’internet les activités des associations étudiantes, par exemple, en organisant des évènements virtuels en collaboration avec des partenaires de l’externe et en parrainant des marathons de programmation à distance.

Bien sûr, cela ne signifie pas que l’apprentissage en ligne et l’expérience universitaire virtuelle se révéleront idéals en toute circonstance ni qu’ils contribueront à compenser la déception causée par le « non-présentiel ».

Soutenir les étudiants

Honnêtement, l’aspect le plus inquiétant du trimestre d’automne réside dans l’exposition des inégalités quant à l’accès des étudiants à la technologie informatique et au service internet nécessaires pour expérimenter pleinement l’environnement d’apprentissage numérique. Les universités ne peuvent pas relever ce défi par leurs seuls moyens.

À cet égard, nous sommes ravis de l’investissement supplémentaire de 375 millions annoncé par la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann. Cette somme vise à soutenir les étudiants universitaires et à aider les différents établissements d’enseignement supérieur à s’adapter à cette nouvelle réalité.

Comme société, si nous sommes vraiment déterminés à proposer une nouvelle et prometteuse normalité après la COVID-19, il faut que les secteurs privé et public investissent dans un avenir numérique prospère et accessible à tous.

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