Comme bien des gens, j’ai des souvenirs d’enfance de vacances en camping. Pour moi, c’était une période d’aventure et de découverte. Je me rappelle ces souvenirs en pensant au campement de fortune qui a été érigé dans un parc le long de la rue Notre-Dame, dans Hochelaga-Maisonneuve.

Pour ma famille, les vacances en camping étaient exaltantes. Pour les personnes marginalisées, c’est différent. Camper est une question de survie alors qu’elles luttent contre les impacts de la pandémie.

En tant qu’humains, nous sommes tous en quête d’appartenance. C’était donc inévitable : le petit groupe qui s’est installé le long de la route s’est transformé en une communauté.

Qui sont-ils ? Qui compose ce camp ? Où étaient-ils auparavant ? On peut les regrouper en trois catégories. Certains étaient sans-abri et utilisaient les services temporaires mis en place par la Ville de Montréal et le gouvernement du Québec, et gérés par la Mission Old Brewery et ses partenaires communautaires. Avec la fermeture de plusieurs de ces services, ces personnes n’ont pas pu trouver d’autres ressources.

D’autres font partie de ceux qui rejettent les refuges traditionnels et préfèrent dormir dehors. Ils sont habitués au camping urbain et peuvent être des mentors pour ceux qui appartiennent à la troisième catégorie : ceux qui sont sans-abri en raison de la COVID-19. Ces derniers menaient une vie précaire avant la pandémie et, avec la perte de leur emploi, n’avaient plus aucun filet de sécurité financière ou sociale, ce qui les a menés à la rue, souvent pour la première fois de leur vie.

Aujourd’hui, dans la communauté du camp, se développe un sentiment d’appartenance, voire de fierté. Ces personnes sans racines ont créé un endroit qui leur est propre. Ce type de campement est susceptible de se développer, car la fonctionnalité du lieu attire d’autres personnes.

Comment réagir à la situation ? Ce n’est pas un phénomène montréalais. De nombreux autres environnements urbains nord-américains ont dû faire face à ces réalités par le passé. Nous pouvons tirer de ces communautés des leçons sur les façons d’aborder, de gérer et de régler cette situation.

Des images de bulldozers et de retraits forcés par la police sont passées sur nos écrans. À Montréal, la mairesse Valérie Plante nous a assuré qu’aucune mesure de ce type ne serait prise. J’applaudis son désir d’éviter de recourir à des expulsions violentes, mais rappelons que d’autres maires nord-américains avaient également fait ce souhait pour ensuite passer à des mesures plus fortes. La mairesse a fixé la date limite de fermeture des camps au 31 août. Mais cette date est arrivée sans que les citoyens des camps ne partent. Cela était prévisible.

La Ville pourrait aussi simplement attendre. Avec le froid, les campeurs devront trouver des endroits plus chauds pour se loger.

Travailler avec les campeurs

Il existe une option bien plus prometteuse et durable. Plutôt que de considérer le camp comme un problème social, envisageons plutôt de le traiter comme un programme social.

Travaillons avec les campeurs et donnons-leur les moyens et le soutien nécessaires pour qu’ils trouvent un logement permanent.

Au lieu d’essayer de les faire passer de la tente au refuge, pourquoi ne pas les aider à passer de la tente à un foyer ?

Au cours de la dernière décennie, la Mission Old Brewery a fait du logement permanent accompagné son plus grand service. Cette façon de faire est efficace, car elle améliore la qualité de vie de ceux et celles que nous voulons aider. Et dans le cas des campeurs, elle résout de la meilleure façon possible le dilemme lié à la gestion de la dissolution des campements urbains.

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