Depuis quelques jours, l’administration Plante-Dorais tente d’avoir l’aval de la population pour introduire une forte hausse de taxes. Si l’on en croit le sondage non probabiliste mis en ligne par la Ville de Montréal, les Montréalais n’ont que trois options qui s’offrent à eux cette année : hausser leurs taxes, s’endetter davantage ou couper dans les services essentiels tels le déneigement et la collecte des déchets.

Il existe pourtant une quatrième option que la Ville de Montréal devrait privilégier : revoir ses priorités budgétaires et renégocier la compensation mirobolante de ses employés.

Qualifier l’administration Plante-Dorais de dépensière ne fait pas justice à son bilan financier. Depuis son élection, les dépenses de la Ville de Montréal ont crû de près de 15 %. Pour la même période, l’inflation dans la grande région de Montréal est chiffrée à 5 %. À titre de comparaison, le manque à gagner estimé de la Ville de Montréal pour 2021 s’élève à 201 millions de dollars, soit 3,2 % du budget montréalais. C’est beaucoup d’argent, certes, mais ce n’est rien lorsqu’on le compare aux 792 millions en nouvelles dépenses introduites par l’administration Plante-Dorais au cours des dernières années. Parmi ces nouvelles dépenses introduites par la Ville, on retrouve notamment des budgets de 52,3 millions de dollars pour la réalisation du controversé Réseau express vélo, 104,3 millions de dollars pour l’acquisition de terrains et 92,1 millions de dollars pour l’acquisition de nouveaux véhicules.

Quel que soit le bien-fondé de ces projets, il apparaît clair que la capacité de payer de la Ville n’est plus la même qu’elle était en novembre lorsqu’elle a déposé ces projets, et que certains choix s’imposeront quant à ceux pouvant être réalisés.

Un autre aspect important et trop rarement discuté est le fait que la rémunération des employés municipaux n’a aucune commune mesure avec celle des contribuables montréalais.

Chaque année, l’Institut de la statistique du Québec prépare un comparatif de la rémunération des fonctionnaires québécois travaillant pour chaque ordre de gouvernement et ceux travaillant dans des catégories d’emploi similaires dans le secteur privé.

Dans la dernière édition de ce rapport, on découvre que les employés des administrations municipales du Québec ont une rémunération 38,8 % supérieure à leurs confrères occupant des emplois équivalents dans le secteur privé. Une comparaison avec les données spécifiques de Statistique Canada pour les salaires dans la grande région de Montréal permet d’extrapoler que la situation y est comparable. Considérant que la rémunération des employés municipaux représentait 2,38 milliards de dollars dans le dernier budget, cette surpaye de près de 40 % coûte un bon paquet d’argent aux contribuables montréalais à chaque année. Réduire cet écart était d’ailleurs l’un des objectifs de l’administration Coderre lors des dernières renégociations de conventions collectives. Si l’administration a échoué à le faire à l’époque, cela ne signifie pas pour autant que l’enjeu a disparu.

Dans un contexte où la Ville hésite entre couper des services essentiels tels la collecte des déchets et le déneigement, hausser les taxes de ses citoyens ou s’endetter aux dépens des générations futures de Montréalais, c’est certainement une option qui se doit d’être évaluée.

Les commerçants et résidants montréalais ont dû faire d’énormes sacrifices au cours des derniers mois. Ils n’ont pas les moyens de payer davantage maintenant ni pour les années à venir. Au lieu de leur en demander davantage, la Ville devrait faire son devoir d’introspection.

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