Comme vous le savez, le 4 août dernier, une double explosion mortelle a ravagé Beyrouth. Cette catastrophe a causé plus de 170 morts (dont deux Canadiens), plus de 6000 blessés, et plus de 300 000 personnes se retrouvent sans logement. Cette situation survient alors que le Liban était déjà dans une situation très précaire.

Le Liban doit être reconstruit sur des bases solides et nous aimerions offrir, bien humblement, quelques pistes de solution pour y parvenir. D’emblée, nous tenons à remercier les différents ordres de gouvernement pour les mesures d’aide mises en place depuis l’incident. Ces actions sont importantes et reflètent la relation étroite et privilégiée qu’entretiennent le Canada et le Liban depuis des décennies.

Soutenir la gouvernance au Liban

Le Liban est à un tournant historique et la gouvernance sera un pilier fondamental d’une reconstruction durable. Dans ce contexte, nous sommes heureux de savoir que le Canada a nommé une ambassadrice au Liban pour pourvoir le poste vacant ; elle jouera certainement un rôle primordial, notamment pour mieux coordonner l’aide humanitaire. Nous invitons aussi le Canada à être un allié de premier plan, comme pays membre de la Francophonie, des initiatives du président français Emmanuel Macron pour soutenir la sortie de crise. Enfin, il nous semble important de travailler étroitement avec l’ambassadeur du Canada aux Nations unies, Bob Rae, afin d’agir en concertation avec la communauté internationale. Ces actions permettront au Canada de favoriser la stabilité du Liban, ce qui a des répercussions directes sur la situation au Moyen-Orient. Aider le Liban, c’est s’engager pour que la paix règne dans cette région tumultueuse.

Le 10 août, le gouvernement a démissionné, mais le système de faction et les têtes dirigeantes n’ont pas changé. Le statu quo règne toujours, synonyme de corruption et de népotisme. Comment espérer alors que les réformes qui s’imposent puissent voir le jour ? Ce serait illusoire à la lumière des évènements passés.

Force est de constater que la situation actuelle aurait pu être prévenue ; elle est le reflet des institutions défaillantes qui ont manqué à leur devoir. Concrètement, plusieurs responsables de haut niveau étaient au courant des 2750 tonnes de nitrate d’ammonium stockées dans le port et pourtant, ils n’ont pas agi. Voilà la définition même de la négligence criminelle. Voilà pourquoi nous aimerions que le Canada contribue activement à une enquête internationale indépendante. Deux Canadiens sont d’ailleurs morts lors de l’explosion.

Ne permettons pas à la classe politique de s’en sortir impunément, ce serait un terrible déni de justice et, surtout, un précédent dangereux.

L’aide humanitaire, essentielle à la survie du Liban

Nous vous prions aussi de continuer à donner pour aider le Liban à traverser cette grave crise humanitaire, économique et environnementale. Pourquoi ? Parce que le Liban, c’est un patrimoine historique et culturel riche, qui a été criblé de balles au cours de l’histoire. Selon l’UNESCO, plus de 640 bâtiments historiques ont été endommagés, dont 60 risquent de s’effondrer. Le Liban, c’est ce pays aux abords de la Méditerranée dont la superficie équivaut au tiers de celle de la Gaspésie, qui a néanmoins accueilli sur son territoire 1,5 million de réfugiés syriens, représentant 20 % de sa population. Mais surtout, le Liban, c’est un peuple qui souffre. Dans la dernière année, les Libanais ont été victimes d’incendies ravageurs, de l’hyperinflation et de la dépréciation de 80 % de la valeur de la livre libanaise, de l’insécurité alimentaire et des effets de la pandémie.

Avant même l’explosion, on estimait que plus de 50 % de la population libanaise risquait de basculer sous le seuil de la pauvreté.

Aujourd’hui, de nouveaux enjeux de sécurité émergent : lors de manifestations contre le gouvernement, la police a répliqué avec des tirs de gaz lacrymogènes et des affrontements violents ont suivi.

Comme citoyens du monde, nous ne pouvons que nous indigner face à cette situation. Mais il faut aussi agir. Comment ? Nous aimerions que le gouvernement canadien soutienne la tenue rapide d’élections transparentes et qu’il reconnaisse les revendications de la population libanaise, qui manifeste depuis octobre 2019. En fin de compte, les Libanais sont maîtres de leur destin et le changement doit venir de l’intérieur, mais le Canada peut jouer un rôle crucial sur la scène internationale.

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