Le pire de la première vague de la COVID-19 a beau être derrière nous, le coronavirus est toujours bien présent. Alors que le nombre de nouveaux cas augmente, le CISSS de Lanaudière exige le retour des visites à domicile, mettant ainsi en péril la santé et la sécurité des femmes enceintes et des personnes immunosupprimées ou ayant une maladie chronique.

Ces personnes ont participé depuis des mois à l’effort collectif pour soutenir les usagers d’un réseau frappé de plein fouet par une crise sans précédent. Comment peut-on maintenant envisager de prendre le risque d’envoyer des travailleurs et travailleuses au système immunitaire fragilisé dans des endroits où, disons-le, la salubrité n’est pas toujours au rendez-vous ? Ces milieux de vie les exposent à des risques bien réels.

Nous dénonçons cette insouciance du CISSS de Lanaudière, ainsi que l’inaction de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), responsable d’évaluer et de réduire les risques liés au travail, qui refuse de jouer pleinement son rôle de protection des travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux (RSSS).

Comment est-il possible que le CISSS de Lanaudière prenne une telle décision alors que les multiples risques liés à la COVID-19 sont toujours présents ?

S’appuyer sur les recommandations de l’Institut national de santé publique (INSPQ) est loin d’être suffisant. Beaucoup trop de facteurs imprévisibles peuvent mettre en danger les intervenants de première ligne. Les équipements de protection individuelle sont une barrière, certes, mais pas à toute épreuve. Et les visites à domicile ne permettent pas toujours de respecter les consignes de distanciation.

Ces professionnels de la santé et des services sociaux ont comme mandat de permettre à des personnes âgées et d’autres personnes ayant des besoins spécifiques de continuer de vivre et de s’épanouir dans la collectivité en leur offrant des soins physiques, de santé et psychosociaux lors de visites à domicile ou dans les résidences privées pour personnes âgées.

Des tâches méconnues

Il faut souligner que ces personnes techniciennes en éducation spécialisée, ergothérapeutes, physiothérapeutes, techniciennes en réadaptation physique et travailleuses sociales, entre autres, effectuent des tâches souvent méconnues de la population. Elles font un travail colossal pour apporter tout le soutien nécessaire à ces usagers afin de leur permettre de continuer à vivre à la maison et dans leur communauté ! Nous devons leur être reconnaissants du travail qu’elles font au quotidien, et c’est d’autant plus vrai dans le contexte de la COVID-19.

Nous dénonçons le traitement injuste subi depuis de nombreuses années au CISSS de Lanaudière par ces personnes œuvrant pour le bien de la population.

Rappelons que, comme tout le personnel du RSSS, ces travailleurs ont fait les frais de la réforme Barrette en plus de vivre les multiples réorganisations précédentes. L’ajout incessant de tâches administratives, l’augmentation du nombre d’usagers à suivre dans leur charge de travail et la reddition de comptes incessante, axée sur un rendement statistique, fragilisent ces êtres humains au service de notre population, qui sont maintenant à bout de souffle, épuisés et désenchantés.

Le CISSS de Lanaudière peut prévoir et réduire les risques dans ses propres locaux en s’assurant qu’ils soient suffisamment grands, avec une ventilation adéquate, en plus de prévoir une désinfection régulière. Il peut même contrôler les allées et venues des gens qui entrent dans ses installations, exiger le port du masque et imposer le nettoyage des mains. Mais il n’a aucun contrôle sur les conditions dans lesquelles se déroulent les visites à domicile et dans les résidences privées pour personnes âgées. N’est-ce pas d’ailleurs dans une résidence de Lavaltrie que toute cette histoire a débuté ? Comment les dirigeants du CISSS de Lanaudière peuvent-ils demander aux femmes enceintes et aux personnes immunosupprimées ou ayant des maladies chroniques de leur faire confiance et de croire que « ça va bien aller » ? C’est leur vie et celle de la population qui sont en jeu !

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