En réaction au texte de Jean-Thomas Léveillé, « Saint-Jean-sur-Richelieu : troisième tentative pour dézoner une terre agricole », publié le 29 juillet

D’abord, en tant que citoyen payeur de taxes depuis plus de 20 ans à Saint-Jean-sur-Richelieu, j’avoue que l’article de Jean-Thomas Léveillé m’a consterné par la déclaration commune du préfet de la MRC du Haut-Richelieu, Réal Ryan, et du maire suppléant de Saint-Jean-sur-Richelieu, Yvan Berthelot, plaidant tous deux que la « survie » de leur ville dépendait dudit dézonage. On attirerait conséquemment des « projets », nous ont-ils affirmé !

Rien de concret n’est sur la planche pour l’instant, que des rêves de mettre en place une « zone innovante ». Or, à la suite de la lecture de ces déclarations stupéfiantes, est par la suite entré en scène le banquier analyste financier de carrière qui ne m’a pas encore tout à fait quitté et qui a vu s’allumer dans son champ de vision une lumière rouge clignotante. La même qui s’allumait lorsque j’entendais un client me faire des déclarations, moins candides évidemment, mais qui me montraient alors que des difficultés financières pointaient à l’horizon. Particulièrement si cette « impression » était corroborée par des projections financières et des états financiers alarmants.

Dans le cas de Saint-Jean-sur-Richelieu, j’avoue n’avoir jamais jeté un regard sur ses états financiers. Me fiant toutefois aux déclarations rapportées, les chiffres ne doivent pas être trop jolis.

Par ailleurs, souvent, dans une telle situation, l’entreprise en question promettait de renverser la situation par un « projet miraculeux » qui nécessitait des investissements importants sans résultats assurés, avec un plan d’affaires pas toujours réaliste.

Or, pour qu’une ville comme la nôtre se retrouve dans la situation de crise déclarée, outre les impacts de la COVID-19 qui continuent à éprouver durement les citoyens, après tous les développements immobiliers qu’a connus notre cité, force est de conclure à une très mauvaise gestion de la part de nos élus, car on nous affirme qu’actuellement, « notre survie en dépend », rien de moins.

Dans de telles circonstances, tout analyste financier qui se respecte mettrait le frein à bras sur tout projet requérant des investissements majeurs, ce qui est certainement le cas pour le développement d’une « zone innovante », particulièrement lorsqu’au moment de l’implanter, il n’y a pas encore un seul client en vue. Cela est encore plus vrai lorsque, pour y arriver, on doit gruger un des actifs les plus précieux de notre municipalité, soit un des meilleurs sols et des plus productifs de cette province relativement démunie en termes de superficie cultivable par rapport aux autres provinces. Investir massivement dans un projet aussi incertain, dans un tel contexte, pourrait conduire Saint-Jean-sur-Richelieu droit vers une hécatombe financière.

Non, ce qui doit être mis en place dans de telles situations de crise déclarée, c’est un contrôle des dépenses sévère, en plus de procéder à des coupes partout où c’est possible de le faire.

Je vous souligne ici que je n’ai toujours pas jeté un œil sur les états financiers de la Ville, et qu’il ne m’appartiendra jamais de le faire dans cette optique. Je suis retiré du domaine.

Par contre, parallèlement, il devient stratégique de valoriser les actifs qui peuvent l’être à moindres coûts afin d’augmenter la valeur nette du bilan financier. Dans cette perspective, je ne voudrais pas tirer ma révérence sans vous fournir quelques pistes novatrices afin de collaborer au redressement requis à ce chapitre. Ainsi, je vous affirme que nous avons tous sous les yeux un des plus majestueux cours d’eau du Québec et qui est le principal affluent du lac Saint-Pierre, seul lac du Québec à détenir le titre de réserve mondiale de la biosphère par l’UNESCO, mais qui est lui aussi en piètre état, voire menacé de disparition vers la fin de ce siècle. Je ne crois pas que nous soyons complètement démunis de fierté au point d’ainsi continuer à les négliger. Nous n’oublions tout de même pas qu’il compose le nom même de notre cité.

Comme bien des habitants de cette province, qui possède à elle seule 7 % de l’eau potable du globe, nous négligeons à valoriser notre principale richesse : nos lacs et nos cours d’eau.

Nous sommes assis sur une richesse que nous dilapidons comme certains richissimes le font parfois. Ainsi, le long de ses quelque 100 kilomètres, nous lui envoyons en moyenne près d’une surverse de nos égouts municipaux par jour. L’agriculteur ne fait guère mieux en nous l’épiçant de pesticides. Et l’un et l’autre, municipalités et syndicat d’agriculteurs, se lancent la balle de la responsabilité du désastre appréhendé, ce qui explique l’inertie que l’on subit tous depuis trop longtemps déjà.

Ne sommes-nous pas plutôt arrivés au moment de s’unir, agriculteurs et citoyens urbains, pour rechercher une solution durable à cette catastrophe en puissance pour plutôt œuvrer ensemble à devenir des leaders mondiaux en matière de protection des ressources aquifères ? Reste à voir si l’Union des producteurs agricoles, acteur incontournable, est prête à prendre ce virage. Dans le contexte de la pénible pandémie qui continue de nous éprouver tous, voilà un véritable projet de développement durable tout à fait adapté aux bouleversements socioéconomiques actuels. Qui promet, au surplus, une mobilisation de part et d’autre plutôt que des divisions douloureuses, angoissantes et interminables.

Lisez « Saint-Jean-sur-Richelieu : troisième tentative pour dézoner une terre agricole »

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