En ces temps troubles, nous avons tous été appelés à modifier notre vie. On nous impose la distanciation, le lavage des mains et le port du masque.

Cette dernière affaire, en plein centre du visage, m’a longuement exaspérée, embuant mes lunettes, me décollant les oreilles et m’arrachant au passage les quelques cheveux qu’il me reste. Bref, je n’étais pas très optimiste quant à cette obligation. Pourtant, j’y ai trouvé mon compte.

J’ai 67 ans, d’éducation vieille école et de la génération des « je vous remercie, je m’excuse ». Petite, dans les salons, les mains sur les genoux bien serrés, j’ai appris à me la fermer… J’ai tant refoulé de frustrations depuis que je suis en âge de m’exprimer que j’ai dû m’empoisonner.

Et voilà que le masque fait son apparition, couvrant ma bouche de toutes les insanités que j’ai eu envie de dire toute ma vie. Ces temps derniers, je fréquente surtout les épiceries et les pharmacies. Ce n’est pas trop excitant, me direz-vous.

Mais je peux désormais me libérer et dire les pires bêtises qui ne s’écrivent pas ici.

À monsieur qui prend toute la place dans l’allée avec son panier, à madame qui parle dans son sacro-saint téléphone, à mademoiselle à la caisse qui poursuit une conversation insipide avec un client.

Des exemples, il y en a beaucoup. Des injures et des blasphèmes dissimulés sous mon masque, j’en ai à la tonne. Ça fait tellement de bien, comme une rencontre chez le psy !

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