J’ai été bouleversé par la mort des petites Norah et Romy. Nous venons d’apprendre qu’il y aurait eu un délai d’environ 12 heures entre l’accident de voiture et leur décès.

Comme beaucoup de gens, j’ai eu un questionnement à savoir si l’alerte Amber aurait pu être déclenchée plus tôt. Puisque je ne suis pas au fait des informations détaillées que possédait la police le soir de l’accident, il m’est difficile de critiquer la décision d’attendre avant de déclencher l’alerte pour cette situation spécifique. Toutefois, je tiens à partager une réflexion sur le processus général de déclenchement d’alertes Amber en tirant un parallèle avec la prise de décision médicale.

Je me rappelle d’un enseignement reçu d’un médecin pendant ma formation concernant la bactérie mangeuse de chair. Il nous avait mentionné qu’à l’examen clinique du patient et avec les prises de sang, il était parfois impossible de différencier une infection affectant seulement la peau par rapport à la bactérie mangeuse de chair, qui attaque les muscles. Il faut savoir que le diagnostic et le traitement de la bactérie mangeuse de chair passent par une intervention chirurgicale, tandis qu’on peut tout simplement donner des antibiotiques pour une infection de la peau.

Comme vous le savez peut-être, la bactérie mangeuse de chair peut causer des dégâts très sévères en seulement quelques heures, comme la perte d’un membre, voire le décès. Les médecins sont donc confrontés à une prise de décision critique à chaque fois : devrais-je envoyer ce patient à la salle d’opération ou peut-on simplement lui donner des antibiotiques et attendre ?

Il est impossible d’avoir raison 100 % du temps. Si l'on attend à chaque fois d’être certain du diagnostic de bactérie mangeuse de chair avant d’envoyer un patient à la salle d’opération, il y aura certains patients pour qui on aura causé des délais entraînant des dommages importants à leur corps. Ainsi, il est préférable de ne pas être trop strict dans les critères utilisés !

Il est moins dommageable de se tromper et d’envoyer un patient à la salle d’opération et se rendre compte que les muscles n’étaient pas atteints, plutôt que de se tromper et de retarder de plusieurs heures l'intervention pour un patient atteint de cette bactérie, qui pourrait alors devoir se faire amputer.

Selon moi, il y a un fort parallèle à faire avec les critères utilisés pour déclencher une alerte Amber et la façon dont ces critères sont utilisés. L’alerte Amber sert justement à alerter l’ensemble de la population à propos de la disparition d’enfants pour les retrouver le plus rapidement possible. On l’a entendu à maintes reprises : à chaque heure qui passe, les chances de retrouver les enfants en vie diminuent. Lors de la dernière alerte Amber, nous avions 12 heures. Si l'on attend chaque fois 12 heures pour avoir l’ensemble des informations donnant la certitude que des enfants sont en danger, on risque de perdre d’autres enfants.

Avec des informations limitées, les policiers sont confrontés à la question : doit-on déclencher une alerte Amber ou pas ? Encore là, il est impossible d’avoir raison 100 % du temps. Il vaut mieux se tromper et parfois déclencher des alertes Amber pour des enfants qui ne sont pas en danger que de se tromper et d’attendre trop longuement dans le cas d’enfants qui sont réellement en danger.

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