Cette lettre s’adresse à la ministre du Tourisme, Caroline Proulx.

La présente saison estivale démontre que les Québécois ont besoin de repères et d’incitatifs pour organiser leurs vacances au Québec, et que les entreprises touristiques auront besoin de cette clientèle locale pour surmonter la crise économique, tel que l’expliquait la Banque de développement du Canada dans sa note économique de juillet.

Comme souligné dans un texte paru le 3 juillet dans La Presse, plusieurs des plateformes actuellement disponibles pour les consommateurs sont peu conviviales ou incomplètes. Aussi, les structures de gestion et de promotion de l’offre touristique semblent quelque peu mal adaptées au besoin de réactivité et d’innovation nécessaire en ces temps si spéciaux.

Tout porte à croire qu’il faudra continuer à stimuler et à encourager le tourisme intraprovincial dans l’avenir, mais aussi viser à attirer au Québec les Canadiens des autres provinces.

Cette réalité risque de perdurer pendant plusieurs années au vu de l’impact à long terme qu’aura la pandémie sur la mobilité des voyageurs. L’une des conséquences sur le plan mondial sera un repli vers le voyage local, comme l’expliquait récemment The Economist.

Exploiter les riches ressources en innovation que sont les start-up

Dans l’urgence et en moins de trois mois, votre gouvernement a déployé d’importants efforts en mettant en place des initiatives remarquables : forfaits Explore Québec sur la route, cartes annuelles de la SEPAQ à 50 %, lancement de la campagne Bonjour Québec, réduction du prix des Passeports Attraits, etc. Le tout aurait pu être appuyé et même bonifié par des initiatives créatives de belles start-up d’ici.

Selon nous, une des pistes de solution serait d’investir dans les start-up québécoises en tourisme et de s’attarder davantage à leur potentiel. Ces jeunes pousses créatives, performantes, agiles et déjà implantées dans l’écosystème touristique de la province pourraient être des alliées à haut potentiel pour la relance du Québec. Elles sont également plus agiles pour déployer des plateformes novatrices et adaptées aux consommateurs québécois.

Des initiatives à saluer

Plusieurs de ces jeunes entreprises visionnaires sont d’ailleurs passées par le MT Lab, premier incubateur consacré au tourisme, à la culture et au divertissement en Amérique du Nord. Déjà, sans même attendre le soutien de l’État, elles sont à l’œuvre pour aider l’industrie dans sa relance.

Par exemple, saluons l’initiative de Hickster, une application permettant la cartographie pour les randonneurs, qui souhaite offrir son outil aux parcs partout dans la province afin de faciliter la planification de sorties en randonnée.

Levons aussi notre chapeau à Stay22, plateforme d’agrégation d’offres d’hébergement pour les évènements qui a su se réinventer avec succès en quelques mois seulement pour lancer deux nouveaux outils afin de soutenir la relance hôtelière.

Bonifier l’expérience utilisateur

De notre côté, nous avons fait le choix d’accélérer le lancement de notre nouvelle plateforme Milo, la nouvelle identité de notre entreprise M ta Région, créée en 2015. Nous avons déjà investi plus de 3 millions au cours des dernières années afin de parfaire notre concept axé sur l’achat local et la découverte de bonnes adresses avant même que cela ne devienne au goût du jour.

Milo, pour « mon itinéraire local », répondra à une partie de la problématique du « capharnaüm du commerce en ligne et des répertoires » que dénonçait Michelle Blanc dans un texte le mois dernier.

Avec Milo, en août, les Québécois auront notamment accès à un répertoire de 3000 expériences authentiques, soigneusement sélectionnées, et à une application gratuite qui leur permettra de planifier leurs escapades partout au Québec sans avoir à naviguer dans des dizaines de sites différents. Un nouveau média numérique, Milo Mag, sera aussi lancé au même moment. Sa mission : inspirer les Québécois à voyager dans la Belle Province.

Afin de mener notre projet à bon port dès cet été, nous avons embauché des dizaines d’employés dont la majorité avaient perdu leur emploi à cause de la COVID-19. Des talents d’Airbnb, du Cirque du Soleil, de Voir ou encore d’Aldo se sont donc joints à l’aventure.

Stimuler l’industrie touristique et l’innovation

Nous croyons que le ministère du Tourisme pourrait s’allier au ministère de l’Économie et de l’Innovation de votre collègue Pierre Fitzgibbon et miser sur les start-up québécoises afin de mettre en place les bases d’une nouvelle grappe industrielle axée sur les technos touristiques.

Si les touristes auront de la difficulté à franchir les frontières dans les années à venir, les technos, elles, continueront de pouvoir les traverser sans aucun problème.

Cela permettrait de faire d’une pierre deux coups en outillant les consommateurs québécois et l’industrie touristique avec des applications et des plateformes web innovantes, tout en permettant la création de nouveaux emplois dans un domaine prometteur.

Prendre les devants

Concluons en mentionnant que si les start-up québécoises ne font pas leur place sur le marché mondial des applications, ce seront des acteurs étrangers comme les Uber et les Airbnb de ce monde qui, éventuellement, feront main basse sur le marché touristique québécois. Ne vaut-il pas mieux prendre les rênes pendant qu’il en est encore temps ?

Madame la Ministre, agissons maintenant ! Unissons nos forces et investissons dans l’avenir du Québec afin de créer de nouveaux fleurons, des emplois d’avenir et une prospérité à long terme.

* Ce texte est cosigné par Édouard Bourgault Parisé, directeur de l’exploitation de M ta Région.

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