Sur quelle planète vivent les concepteurs de publicité automobile ?

Quand je vois défiler au petit écran les publicités d’automobiles, j’ai parfois l’impression qu’elles ont été conçues par des créatifs en état d’ébriété. Images surnaturelles à vous donner le vertige de l’auto magique qui traverse les montagnes en contournant des arbres qui tombent des glaciers qui s’effondrent, des tonnes de grosses pierres qui émergent du sol et des monstres venus de l’enfer de Tchernobyl qui apparaissent devant nous sans causer la moindre égratignure au merveilleux véhicule.

Toujours les mêmes slogans dénués de sens exhortant le machisme, la puissance des cylindres et la vitesse alors que, dans la réalité, la limite de la vitesse sur nos routes demeure toujours 100 km/h. Quelqu’un pourrait-il dire à ces créatifs anonymes, qui nous invitent à « braver toutes les galaxies » en expérimentant « la conduite intuitive… au regard audacieux », avec, en option, « le luxe axé sur l’humain », que leurs argumentations apagogiques et leurs slogans benêts sont bêtes à pleurer ?

« Sublimez la conduite ! » clame une de leurs injonctions sans se douter sans doute que le verbe sublimer peut avoir deux sens : transposer sur un plan supérieur ou… faire passer de l’état solide à l’état gazeux. On imagine que c’est au second que les concepteurs de la pub ont pensé parce que quand ça touche à l’auto, il faut toujours que ça… pète !

Toutes ces publicités-vacarmes et flatte-cons, qui nous invitent à rouler à tombeau ouvert (surtout en période de pandémie) frisent le mépris.

Vivement une législation qui forcerait les constructeurs automobiles (qui s’appliquent à nous faire remplacer nos deux jambes par leurs quatre roues) à inscrire sur leurs produits un avertissement semblable à celui que l’on trouve sur les paquets de cigarettes : « Conduire nuit gravement à l’environnement, à l’intelligence et à la sécurité !  »

La publicité ne nous demande pas de réfléchir. Elle nous invite à nous laisser aller d’une image mensongère à une image abrutissante et à consommer. Pour elle, la modération est loin d’avoir meilleur goût.

On a souvent entendu dire que la publicité était le neuvième art. Si c’est ça, on peut s’attendre que le dixième soit l’art de… tirer la chasse d’eau !

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