En réponse à « Histoire d’arachides… et de COVID-19 », texte publié le 8 juillet

Monsieur Brunet, « l’histoire récente des arachides », qui sert de base à votre raisonnement, mérite d’être racontée dans son contexte, et, surtout, avec rigueur.

Tout d’abord, les allergies alimentaires, comme vous le mentionnez, peuvent causer des réactions graves dites anaphylactiques. Ajoutons que celles-ci, si elles ne sont pas traitées avec rapidité et compétence (par une injection intramusculaire d’une dose d’épinéphrine en utilisant un auto-injecteur), peuvent causer la mort en quelques minutes.

Contrairement à ce que vous affirmez, cette condition en constante évolution touche beaucoup plus de jeunes. Près de 8 % des enfants de moins de 18 ans en sont touchés. Au Québec, 100 000 jeunes vivent avec des allergies alimentaires. De ceux-ci, 75 000 fréquentent un établissement scolaire. Rares sont les écoles qui ne comptent pas quelques dizaines d’enfants allergiques. On ne parle donc pas d’une condition marginale, vous voyez ?

Vous parlez de responsabiliser les enfants allergiques en les éduquant afin d’éviter les échanges de nourriture, en plus d’avoir leur auto-injecteur à portée de main. Vous vous doutez certainement que c’est ce que font chaque jour, lors de chaque repas, chaque collation ou chaque sortie, les parents de nos petits allergiques. Ces enfants et leur famille ont passé de nombreuses heures de leur vie à apprendre, faire des compromis, ajuster leur routine, trouver des façons de minimiser les risques et, en fin de compte, à vivre avec la peur d’une nouvelle réaction allergique.

La compréhension et la bienveillance de l’entourage de la personne allergique sont essentielles face à cette condition médicale sérieuse. Malgré toute la bonne volonté, le risque d’un contact fortuit avec un produit allergène ne disparaît jamais complètement.

Dans le cas particulier du bannissement des arachides en milieu scolaire, entre l’excès de prudence que vous dénoncez et les conséquences sérieuses d’un contact accidentel, le choix nous semble évident.

Votre comparaison devient véritablement boiteuse lorsque vous parlez d’éviter la confusion dans les moyens et de définir clairement les rôles. Aussi bien informé et « conscientisé de sa situation périlleuse » qu’il soit, un enfant allergique demeure à risque de développer une réaction anaphylactique à tout moment, au moindre contact avec un aliment allergène. Si une telle situation se présente, il s’agit d’une urgence médicale nécessitant une attention immédiate et une personne qualifiée doit administrer la médication. On ne parle pas ici d’une maladie potentiellement mortelle, mais d’une mort quasi instantanée si non traitée adéquatement sur-le-champ.

Allergies Québec, organisme sans but lucratif établi depuis 30 ans, travaille de concert avec les autorités de santé publique afin que la situation des allergies alimentaires soit adéquatement reconnue et encadrée dans les écoles.

Ceci dépasse, bien évidemment, le simple débat autour du bannissement des aliments. Notre approche propose plutôt une standardisation de la formation, de l’éducation et de la prise en charge des élèves allergiques fréquentant un établissement scolaire. Le Québec est la seule province canadienne ne disposant pas de cadre légal ou réglementaire en ce sens.

Nous croyons, bien sûr, que les personnes allergiques, leur famille et leur entourage doivent prendre les moyens de se protéger, mais il est primordial que l’ensemble de la société soit aussi consciente et informée des risques pour ces personnes.

Il est regrettable que beaucoup de gens continuent, comme vous le faites, à banaliser et à marginaliser ce qui demeure une grave condition médicale en croissance.

Ne pas manger d’arachides le jour à l’école est un bien petit sacrifice pour sauver une vie, tout comme le port du masque en situation de pandémie.

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