En réponse à l’article de Véronique Lauzon, « L’embourgeoisement du Plateau connaît un second souffle », publié le 18 juin

Dans son article publié jeudi dans La Presse le 18 juin, Véronique Lauzon peint le portrait d’une crise du logement qui touche la métropole québécoise.

Cet exposé met en lumière le point de vue du maire du Plateau-Mont-Royal, Luc Rabouin, selon lequel la mission de la ville serait de « Freiner la deuxième vague d’embourgeoisement ».

Mais quel est ce « monstre » – le propriétaire – dont parle le maire Rabouin ? En épluchant les minces et translucides couches argumentaires mises de l’avant par le maire, il devient évident que, selon lui, ce monstre à deux pattes est en fait l’amalgame de stéréotypes simplistes qui sous-entendent que le propriétaire est un individu malhonnête ou, pire encore, un capitaliste au sang-froid dont le but premier est de faire de l’argent aux dépens des locataires. Évidemment, la réalité est plus nuancée.

Pour les familles-propriétaires-locataires, nous sommes d’accord avec le maire Rabouin : les monstres existent. Par contre, ces monstres se trouvent dans le détail, celui de la stratégie des arrondissements pour freiner l’embourgeoisement 2.0.

Si on examine de près celles du Plateau-Mont-Royal et de l’arrondissement Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, on comprend rapidement que cette stratégie cherche à « enrichir » l’arsenal d’outils permettant de refuser aux propriétaires d’exercer leurs droits, plus spécifiquement, les droits décris dans les articles 1957 et 1959 du Code civil du Québec. En se suppléant à ces lois, ces règlements auraient pour effet de limiter ou d’empêcher les transformations de plex en maisons unifamiliales. En plus concret : les petites familles de propriétaires-locataires de duplex ne pourront plus invoquer leurs droits pour reprendre un logement afin de l’unir au leur. Selon le maire Rabouin, les petites familles de Montréal seraient devenues une des causes principales de l’érosion du parc de logements locatifs justifiant la mise en place d’un appareil réglementaire coûteux et complexe par les arrondissements.

Pourtant, les données publiées par la Ville de Montréal et ses arrondissements nous porteraient à croire le contraire : le rapport le plus récent sur les mises en chantier résidentielles à Montréal nous donne un aperçu de l’évolution de l’offre de logements locatifs. Par exemple, à Montréal en 2014, 1200 des unités mises en chantier étaient des unités locatives, dont 65 dans l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension. Pour évaluer la perte de logement à la même période dans cet arrondissement, nous pouvons nous référer à un document publié par ses instances : entre 2015 et 2020, la réunification de logements engendre la perte de 147 logements, donc une moyenne d’environ 30 logements par années. Au net, selon les chiffres disponibles, il y aurait un surplus de logements dans Villeray chaque année (35 pour être exact).

Cette réponse à l’article de Mme Lauzon cherche à mettre un peu de relief à la description que nous retrouvons dans son texte de la crise du logement et des propriétaires à Montréal. Plus précisément, elle cherche à partager le point de vue d’une famille propriétaire de duplex qui est, comme de nombreuses familles propriétaires de plex, conscientes des enjeux soulevés par l’article de Mme Lauzon : hausse du coût de la vie, rareté du logement, pour n’en nommer que deux.

Par contre, il est capital à nos yeux de mettre en lumière que ces problèmes touchent aussi bien les propriétaires que les locataires.

Pour répondre à ces enjeux, il est important de mettre en place des mécanismes et des programmes pour soutenir les citoyens les plus vulnérables, mais cela ne devrait pas être fait aux dépens d’une autre classe de citoyens vulnérables : dans ce cas bien précis, les familles propriétaires de plex. Le rêve de nombreuses familles montréalaises passe par l’unification d’un chez-soi. Récemment, La Presse publiait l’histoire d’une de ces familles : l’histoire de Julia et Bruno (« La transformation de duplex en maisons interdite »). Cette histoire est très semblable à celle vécue par d’autres propriétaires et par ma famille. C’est grâce à Julia et Bruno, que des familles propriétaires se sont rassemblées et se sont organisées. Ensemble, ces familles se défendent, tant bien que mal. Vous êtes avec nous ?

Lisez « L’embourgeoisement du Plateau connaît un second souffle »

Lisez « La transformation de duplex en maisons interdite »

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