La « baleine de Montréal », de par son périple et ses prouesses des dernières semaines, a retenu l’attention et a attiré les regards vers le fleuve Saint-Laurent. Inévitablement, cela a fait couler beaucoup d’encre quant à la coexistence nécessaire entre les différentes espèces qui y vivent et les divers usages comme la navigation commerciale et la navigation de plaisance.

En effet, il arrive à l’occasion que des baleines « vagabondes » soient retrouvées à l’extérieur de leur habitat naturel. Il en va également de même pour toutes les espèces animales. Ce baleineau a fait une série de choix et d’erreurs de parcours qui l’ont mené dans les eaux douces et achalandées de la métropole. Aussi dommage que cela puisse paraître, les vagabonds qui ont ce genre de comportement sont confrontés aux processus de sélection naturelle et font face à des enjeux de survie, souvent inévitables.

Afin de permettre une coexistence alliant la protection des mammifères marins et les activités de navigation commerciale et de plaisance en toute sécurité, des collaborations ont été développées depuis déjà un certain temps. Ces partenariats entre les différentes communautés de recherche et les membres de l’industrie maritime ont mené à des actions concrètes et à des règles strictes.

Pensons, entre autres, au guide Navires et baleines de l’Atlantique Nord-Ouest, un guide à l’intention de l’industrie maritime conçu par le Réseau d’observation des mammifères marins (ROMM) qui propose des solutions de coexistence avec ces espèces dans le Saint-Laurent.

L’industrie maritime collabore aussi activement à l’observation des baleines et à la collecte de données, avec la participation du ROMM, pour mieux documenter les comportements et la présence des mammifères marins dans la voie navigable. On peut également citer la mise en place de zones de diminution de vitesse sous la coordination du gouvernement du Canada, les projets de recherche sur les bruits sous-marins, ou encore, différentes séances de formation et de sensibilisation sur les mammifères marins.

Ce malheureux événement nous rappelle l’importance de travailler main dans la main. Dans ce cas-ci, grâce aux vigilants conseils de nombreux experts, les différents acteurs de l’industrie maritime ont agi en concertation pour donner à cette baleine les meilleures chances de survie.

Les experts ont opéré des vigies, les transporteurs maritimes ont gardé leurs distances avec minutie, partageant l’information en temps réel, en plus de suivre le déroulement de cette histoire extraordinaire, avec intérêt et fascination.

Lorsque l’on choisit de faire carrière dans le secteur maritime, on est aux premières loges de ce que l’eau nous apporte. Aux premières loges des bonnes comme des mauvaises nouvelles.

Tous les jours, ces acteurs de la mer sont témoins d’exploits extraordinaires, de phénomènes grandioses, mais également d’enjeux de coexistence. Il est primordial de soutenir la biodiversité parfois très fragile et nous vous assurons que personne dans l’industrie maritime n’y est indifférent.

Protéger les espèces, même celles qui ont la chance d’avoir des populations croissantes (comme c’est le cas pour la baleine à bosse), c’est une science qui impose la collaboration, une empathie et une bienveillance mutuelle. Dans ce contexte, il est important de se concerter et cette collaboration s’exprime de façon naturelle, par passion pour le métier que nous avons tous choisi.

Cette collaboration est possible parce que tous les intervenants du milieu maritime proposent une expertise unique et sont soucieux d’améliorer les moyens, outils et mesures en travaillant conjointement à la protection de nos mammifères marins :

• Les écologistes travaillent sur le fonctionnement de l’écosystème, sous toutes ses composantes, afin d’en préserver l’équilibre ;

• D’autres experts de différents domaines scientifiques travaillent en collaboration avec l’industrie sur des solutions, par l’entreprise de nombreuses innovations et initiatives qui visent à minimiser les risques de collisions ;

• Et les acteurs de l’industrie maritime œuvrent main dans la main avec les experts et scientifiques à l’analyse et à la mise en place concrète, au quotidien, de ces recommandations et pratiques environnementales.

Ces femmes et ces hommes qui choisissent un métier en mer le font parce qu’ils aiment ce précieux espace, pour tout ce qu’il comprend, pour toutes les espèces qui y vivent et pour tout ce qu’il peut nous apporter.

Si cette baleine peut nous avoir légué quelque chose, c’est de nous avoir prouvé que nous sommes capables de travailler ensemble, en concertation, en unissant nos forces pour protéger ce Saint-Laurent que l’on partage.

*Lyne Morissette, écologie des écosystèmes et mammifères marins, experte marine du Bureau d’Information Maritime (BIM) ; Clément Chion, professeur au département des sciences naturelles à l’Université du Québec en Outaouais (UQO) ; Esther Blier, directrice générale du Réseau d’observation de mammifères marins (ROMM)

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