Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) signale que la biodiversité est indispensable pour notre santé, le gouvernement de M.  Legault autorise la négligence environnementale au nom de l’économie. Le plan de relance qu’il propose va ainsi à l’encontre des recommandations de 25 organisations de la santé du Québec et des 40 millions de professionnels de la santé dans le monde qui demandent de prioriser l’environnement dans la relance économique, comme seule option viable pour notre santé à long terme.

Le projet de loi 61 est un affront aux efforts des travailleurs de la santé dans la pandémie actuelle : négliger l’environnement, c’est négliger la crise sanitaire grandissante qui, en marge de la COVID-19, est causée par la destruction environnementale et les changements climatiques. La pandémie met en évidence la fragilité de notre réseau de la santé et les risques de l’inaction en prévention des menaces à la santé publique. Le fardeau sanitaire dû au climat deviendra lui aussi insoutenable pour notre système de soins, si nous n’agissons pas dès maintenant pour y pallier.

Notre vulnérabilité aux aléas environnementaux est plus que jamais évidente. On s’inquiétait des CHSLD non climatisés lors de la chaleur record du mois de mai, avec raison : des centaines de décès supplémentaires surviennent lors des canicules de plus en plus fréquentes au Québec. Selon Santé Canada, ce sont aussi 3800 Québécois qui décèdent annuellement des effets de la pollution. Les allergènes, les vecteurs infectieux se multiplient ; les feux de forêt ont forcé l’évacuation d’hôpitaux ailleurs au Canada et dans le monde… Ces impacts sanitaires liés aux changements climatiques entraînent des pertes économiques annuelles qui se chiffrent en milliards de dollars au Québec seulement.

Avant d’en arriver aux bilans

Doit-on vraiment attendre de faire des bilans de décès au quotidien, avant d’écouter les experts en santé publique ? Notre manque de préparation à la pandémie actuelle nous apprend que des actions ambitieuses sont nécessaires en amont des menaces sanitaires grandissantes et anticipées. Le plan de relance économique doit donc être robuste pour veiller à notre santé et notre résilience à long terme. L’OMS, figure de proue en temps de pandémie, nous prévient justement que « les changements climatiques sont la plus grande menace à la santé du XXIe siècle ».

En autorisant la négligence environnementale, le gouvernement du Québec déroge à sa responsabilité de protéger la santé des Québécois face à la crise climatique et n’engendre aucun avantage économique clairement démontré.

Le projet de loi 61 contrevient aux recommandations de nombreux experts en économie dans le monde qui, tout comme le Fonds Monétaire International, mettent en valeur la supériorité de plans de relance verts en démontrant leurs nombreux bénéfices à court et à long terme.

Face à la menace climatique, chaque décision, chaque geste compte : non seulement les normes environnementales doivent-elles être renforcées plutôt que négligées, mais la transition vers la carboneutralité doit être la priorité économique dans le sillage de la COVID-19, pour le bien de la santé des Québécois dès maintenant et pour les décennies à venir. La relance doit prioriser le verdissement urbain, les transports collectifs et électrifiés, ainsi que les projets d’efficacité énergétique et d’innovation du secteur de l’énergie pour cesser toute extraction d’hydrocarbures en sol québécois. Les projets qui favorisent les émissions polluantes, tels les projets autoroutiers comme le troisième lien Québec-Lévis et d’hydrocarbures comme GNL Québec, doivent être proscrits pour prévenir les conséquences de la pollution et du réchauffement planétaire sur notre santé.

C’est en priorisant la transition écologique dans la relance post-COVID-19 que nous pourrons aplanir la courbe de la crise sanitaire liée au climat. La santé des Québécois est indissociable de la santé de la planète. Dès maintenant, nous devons soigner l’environnement autant que nous soignons nos aînés, nos parents et nos enfants.

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