Bien évidemment, le rôle premier des militaires canadiens ne devrait pas être l’accomplissement de tâches diverses dans des CHSLD. Toutefois, nous vivons des moments sans précédent et le Québec, tout particulièrement, est à court de ressources humaines pour combattre la COVID-19 dans ces établissements.

Les militaires des Forces armées canadiennes (FAC) ont comme mandat ultime de protéger le Canada et la population canadienne. Cette fois, l’ennemi est un virus meurtrier qui frappe directement les personnes les plus vulnérables de notre société : les personnes malades et les personnes âgées. Il est donc tout à fait justifié de faire appel aux FAC dans la présente pandémie, car il s’agit d’une mission de protection du pays en réponse à une urgence sanitaire.

Le premier ministre du Québec, François Legault, a très bien fait en demandant l’assistance des FAC dans les CHSLD. Il fait encore mieux en demandant la poursuite de l’opération LASER jusqu’au 15 septembre.

En étant sur le terrain dans les CHSLD les plus touchés de la province, les militaires font une véritable différence. Ils travaillent cœur et âme pour aider nos personnes âgées. Ils accomplissent des tâches administratives, médicales, ménagères, mais ils sont surtout une présence inestimable pour les personnes âgées en discutant avec elles, en les rassurant et en les aidant à communiquer avec leur famille. Ils sont cette chaleur humaine qui permet de briser l’isolement, qui permet de mettre un sourire au visage et qui permet de croire que demain sera un meilleur jour.

Au même titre que le personnel médical qui œuvre dans les CHSLD, les militaires sont de véritables héros, des héros de passage.

Le ministre de la Défense nationale, Harjit Sajjan, ne joue pas franc-jeu en disant que les FAC n’ont pas le personnel suffisant pour répondre aux demandes et aux besoins du Québec. Il y a 1444 militaires actuellement déployés au Québec. Les FAC comptent environ 68 000 membres de la Force régulière et 27 000 membres de la Réserve. Je suis convaincu que si cela devenait nécessaire, il serait possible de faire une rotation (au même titre que les rotations pour d’autres opérations) des 1444 militaires déployés.

Les militaires qui participent à l’opération LASER travaillent très fort pour combattre la pandémie, mais cela est comparable à d’autres missions. Lorsque je me suis rendu à Kandahar, en Afghanistan, en 2006 dans le cadre de l’opération ATHÉNA, je travaillais 7 jours sur 7 et certaines journées comptaient plus de 18 heures. Parlez-en, de l’intensité de la tâche en opération, à mon ami le médecin et major (retraité) Marc Dauphin, qui fut le dernier commandant canadien de l’hôpital militaire de Kandahar, en 2009.

Le réseau des CHSLD du Québec était « cassé » avant le début de la pandémie. Malheureusement, je doute fortement qu’il soit réorganisé pendant la pandémie lorsque l’effort de guerre vise à sauver des vies. Il manque du personnel dans ces centres résidentiels et il va encore en manquer dans les mois qui suivront. Cela est une triste réalité et il n’y a pas de solutions immédiates. Même si François Legault était un magicien, il ne pourrait pas faire apparaître 10 000 personnes pour venir travailler dans les CHSLD et ainsi libérer les militaires contribuant à l’effort sanitaire. Le Québec réglera les problèmes du réseau des CHSLD lorsque le pire de la pandémie sera derrière nous.

Les militaires des FAC doivent absolument demeurer déployés dans les CHSLD jusqu’au 15 septembre ou plus, et non seulement parce que « le Québec paie sa part pour l’armée », mais bien parce que c’est un besoin essentiel.

La demande de François Legault au premier ministre du Canada Justin Trudeau est légitime et nécessaire dans le contexte actuel. Non, il ne s’agit pas d’une solution à long terme, mais oui, il s’agit d’une obligation de l’État fédéral envers un membre de la fédération qui a un besoin de protection et d’aide.

Si jamais Justin Trudeau devait refuser la demande d’aide du Québec pour une prolongation de l’assistance des FAC dans les CHSLD, il aura du « sang sur les mains » pour avoir laissé des dizaines de personnes âgées, artisans de la nation québécoise, à leur propre sort. C’est inacceptable ! C’est impensable pour toute personne qui a le moindrement d’empathie et de compassion ! Si cela devait être le cas, j’espère que vous tous, Québécois, appliquerez à la lettre notre devise nationale « Je me souviens » lorsque viendra le temps de voter aux prochaines élections fédérales.

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