La relève du Québec, en provenance des sciences naturelles, humaines et sociales, propose une réflexion sur les nombreux défis qui attendent la société québécoise pour affronter la crise de la COVID-19 et en sortir*.

Le combat le plus important de notre vie collective : voilà l’ampleur de la crise sanitaire que nous traversons actuellement. Pour y faire face, mais aussi pour s’en sortir, il est fondamental d’unir les générations autour de cette lutte.

L’ensemble de la société ressent les secousses de la crise de la COVID-19. La fermeture des garderies et des écoles pendant de longues semaines a transformé le rôle des parents – dont plusieurs font du télétravail – en éducateurs à temps plein, tout en devant affronter l’incertitude de l’avenir. Les étudiantes et étudiants doivent composer avec diverses formes d’apprentissage à distance dans un contexte d’accès inégal aux ressources numériques, et une anxiété bien réelle frappe de plein fouet les personnes qui perdent leur emploi.

Ces conséquences sociales et économiques génèrent leur lot de drames émotifs : la perte de proches, l’isolement, la crainte qu’un vaccin n’arrive que trop tardivement, etc.

Le type de « choc » provoqué par la présente crise sanitaire a des effets multiples et pernicieux. Si ce bouleversement concourt parfois à faire ressortir le meilleur de nous-mêmes, comme en témoignent les grands élans de solidarité qui s’expriment dans la société québécoise, il est tentant de chercher à trouver un bouc émissaire. Comme le suggérait récemment le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, cette crise est aussi un test pour notre humanité. À l’heure actuelle, il s’agit d’un test qu’on ne peut pas se permettre d’échouer.

Justice intergénérationnelle

La justice intergénérationnelle est basée sur les principes d’obligations réciproques entre individus appartenant à différentes générations, que celles-ci soient imbriquées au sein d’une même époque (grands-parents, parents, enfants) ou non (générations passées et futures). Plus que jamais, nous disposons des moyens technologiques, non seulement pour constater les erreurs du passé, produire des impacts majeurs sur le court, moyen et long-terme, mais aussi pour prévoir les effets qu’engendreront nos actions dans le futur.

Au sens fort de l’expression, nous avons l’obligation de perpétuer l’humanité. Nous devons élever notre agir individuel et collectif de sorte qu’il consolide au quotidien notre humanité commune.

Tant et aussi longtemps que nos actions ont un impact sur autrui, dans le présent comme dans le futur, nous avons la responsabilité d’agir dans le but de ne pas commettre de torts évitables envers quiconque.

Si l’austérité des deux dernières décennies a gravement affecté l’État providence des Québécois, abîmant notre filet social commun, elle s’est pourtant accompagnée de l’enrichissement d’individus et de groupes privilégiés. Aujourd’hui, c’est le Québec en entier qui en souffre, qui se trouve à survivre au crochet des préposés et infirmières depuis trop longtemps mal-aimés. Le cadrant a sonné; il faut maintenant se réveiller et agir.

Devoirs de mémoire et d’avenir

Il faut être résilients devant le sacrifice actuel de la liberté des uns pour protéger la santé et la sécurité des plus vulnérables. C’est un devoir de mémoire, la promesse du fameux « Je me souviens », à l’endroit des fiers bâtisseuses et bâtisseurs du Québec d’aujourd’hui. Notre confort et nos privilèges, nous les devons aux efforts consentis par nos aïeules et aïeuls. Si nous disposons des outils qui vont nous permettre de sortir de la présente crise, c’est aussi grâce à eux, mais aussi grâce à la relève qui composera avec une nouvelle réalité.

L’espoir d’un Québec qui se relève plus fort de la COVID-19 naît de la créativité, de la collaboration et de l’interdisciplinarité comme traits dominants d’une nouvelle génération qui nourrit la recherche, la culture et la politique.

C’est pourquoi nous avons également un devoir d’avenir. Le « choc » que nous vivons lève le voile sur tant d’injustices sur lesquelles nous avons collectivement fermé les yeux. Il faudra d’une part une politique honnête et visionnaire pour combattre les lobbyistes du statu quo, qui tirent toujours profit des disparités sociales. Mais d’autre part, il faudra un engagement collectif de changement et de respect intergénérationnel. Nous, citoyennes et citoyens, devons prendre conscience que la direction actuelle de nos décisions politiques, choix d’investissements et préférences de consommation, mène à la souffrance de nos aînés et à la précarité de notre jeunesse.

Le véritable test pour notre humanité est peut-être celui d’en assurer la pérennité dans le temps. Et il ne suffit pas de viser la note de passage ; tous les secteurs de la société doivent s’y investir pleinement, et durablement.

C’est aussi cela, unir les générations.

* Ce dossier est coordonné par Catherine Girard, Isabelle Laforest-Lapointe et Félix Mathieu.

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