L’héritage de la COVID-19 entraînera sans aucun doute une hausse des prix à l’épicerie à long terme. Tout coûte plus cher pour faire de la nourriture, de la transformation à la gestion d’un magasin. Pourtant, en raison de notre nouvelle relation avec la nourriture, nous pourrions finir par économiser de l’argent.

Le coût des aliments reste toujours présent dans l’esprit du consommateur. Cela ne représente pas la plus grande portion de son budget, mais elle est certainement importante. Cependant, compte tenu de la façon dont la pandémie de la COVID-19 affecte l’économie mondiale, nous devrions tous nous attendre à ce que le seuil du 10 % de notre budget consacré à l’alimentation augmente considérablement dans les années à venir. Mais cela ne constitue pas nécessairement une mauvaise chose non plus.

Pour 2020, nous devrions voir le taux d’inflation alimentaire au Canada atteindre 4 % d’ici la fin de l’année, selon les prévisions du Rapport sur le prix des aliments au Canada publié en décembre dernier. Bien sûr, ce 4 % représente un peu plus que la moyenne observée sur 20 ans, mais on ne parle pas de 6 ou 7 % non plus. Le contexte surréaliste dans lequel la pandémie de la COVID-19 nous a plongés apporte une série de distorsions hallucinantes sur les marchés mondiaux. Avec le ralentissement économique majeur qui nous attend, les analystes estiment que l’inflation globale baissera considérablement. La crise de la COVID-19 engendre essentiellement une onde de choc déflationniste extraordinaire pour l’économie, provoquant un ralentissement d’une grande partie des ressources productives mondiales. Les répercussions persisteront certainement au-delà de la période de confinement. Tout deviendra moins cher, notamment l’énergie, les voitures et les maisons. Aucun secteur de l’économie ne sera épargné.

Inévitablement, avec autant de gens qui perdent leur emploi, le marché se dirige vers une période de déflation et de récession probable. Mais le taux d’inflation alimentaire risque de prendre une direction complètement différente.

À l’échelle mondiale, avant la COVID-19, les Canadiens avaient accès au cinquième panier alimentaire le moins cher au monde, par rapport au revenu moyen d’un ménage. L’industrie alimentaire voit ses frais grimper en flèche alors que les coûts de production montent, de la ferme jusqu’à la vente au détail. Les coûts de la main-d’œuvre augmentent alors que les entreprises essaient de faire une rotation de leur personnel afin de pouvoir assurer une distanciation physique, et les coûts des machines spécialisées et de l’équipement augmentent également.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Nous devrions voir le taux d’inflation alimentaire au Canada atteindre 4 % d’ici la fin de l’année, selon les prévisions du Rapport sur le prix des aliments au Canada publié en décembre dernier, souligne l’auteur.

Nous allons voir apparaître des emballages alimentaires « antivirus » et d’autres mesures pour rassurer les consommateurs nerveux – encore une fois, cela fera hausser les prix.

Certaines pizzérias le constatent déjà. La distanciation physique oblige la plupart des entreprises à fonctionner différemment. Gérer un magasin alimentaire coûte entre 5 et 7 % de plus qu’avant la COVID-19. Lorsque les marges tournent autour de 1 %, les prix doivent forcément s’ajuster. Après la pandémie, nous verrons probablement un nombre moins grand de magasins, moins de choix et des prix révisés à la hausse.

Il reste impossible tout de même qu’une chaîne d’approvisionnement entière absorbe le mégachoc COVID-19 sans que les prix atteignent de nouveaux sommets dans les années à venir.

Une bonne nouvelle se cache toutefois derrière tout cela. La plupart d’entre nous dépensent beaucoup moins en nourriture ces temps-ci. Nous cuisinons beaucoup, ce qui nous fait économiser des milliers de dollars.

Un ménage canadien peut dépenser en moyenne 4560 $ au restaurant et en nourriture consommée à l’extérieur de la maison.

Pour chaque dollar dépensé au restaurant, on obtient environ de 30 à 40 % de nourriture en plus. La différence est immense.

La réduction du gaspillage alimentaire rend les choses encore plus intéressantes. 

Selon Second Harvest, près de 38 % des aliments achetés pour la consommation domestique sont gaspillés. Cela représente près de 3500 $ de nourriture pour un ménage moyen. Du moins, c’était avant la COVID-19. 

Maintenant, en passant plus de temps à la maison, nous devenons de meilleurs gestionnaires d’inventaire du frigo.

Nous visitons les épiceries de façon plus rationnelle, en étant mieux informés et en ayant moins tendance à acheter ce que nous avons déjà.

L’achat par impulsion est minimisé au maximum. Nous développons également une certaine créativité pour utiliser les restes, car nos compétences dans la préparation des aliments s’améliorent avec chaque recette.

Ainsi, même si le taux d’inflation alimentaire augmente et peut poursuivre sa hausse pendant un certain temps, vous économisez plus d’argent, possiblement des milliers de dollars.

Bien sûr, une fois la pandémie passée, cela dépendra du temps que les consommateurs voudront bien passer dans leur propre cuisine. La meilleure protection face à l’inflation alimentaire demeure votre cuisine, il en a toujours été ainsi.

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