Chaque jour, à 13 h, le directeur national de santé publique, le Dr Horacio Arruda, porte une jolie épinglette à sa boutonnière. Toujours la même. Elle est circulaire et composée de 17 lignes colorées.

Ce sont les couleurs des objectifs de développement durable (ODD), adoptés en 2015 dans le cadre du Programme de développement durable des Nations unies à l’horizon 2030. Le Canada s’est engagé à appuyer la mise en œuvre des ODD. La démarche est aussi endossée par 192 autres pays, ce qui fait d’elle le plan d’action planétaire en matière de développement durable.

Chacune des 17 lignes représente un objectif. Elles visent notamment à éradiquer la pauvreté (ODD n°1), à éliminer la faim et promouvoir l’agriculture durable (ODD n°2), à favoriser l’égalité entre les sexes (ODD n°5), et le recours aux énergies durables (ODD n°7), à établir des modes de consommation et de production durables (ODD n°9), à établir des modes de consommation et la production durables (ODD n°12).

Si les ODD sont, à la base, du ressort du secteur public, pour les atteindre, il faut une action combinée avec le secteur privé. Dans le secteur privé, les entreprises sont notamment invitées à s’attarder aux impacts que leurs produits, services et comportements peuvent avoir, et à contribuer à l’atteinte des ODD, faisant d’elles des acteurs de changement.

En Amérique du Nord, des centaines d’entreprises rendent compte publiquement d’activités menées pour atteindre l’un ou l’autre des ODD. Ainsi, les ODD concernent tant le directeur de santé publique du Québec — par le principe de l’accès à la santé (ODD n°3), notamment — que les entreprises privées du Québec.

Les critères ESG

Comme souvent, le changement passe par le financement. En le couplant à des exigences de développement durable, les investisseurs et les créanciers détiennent un pouvoir de faire changer les choses. Par nos activités professionnelles, nous côtoyons des financiers et avons été interpellées par cette fameuse épinglette que de plus en plus d’entre eux portent à leur boutonnière.

Déjà, on voit que les entreprises et les investisseurs sont capables d’une action concertée : l’intégration des facteurs reliés aux aspects environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) en est la preuve.

À l’échelle de la planète, ainsi qu’à l’échelle canadienne, c’est environ 50 % des capitaux investis qui sont engagés dans une démarche de prise en compte des facteurs ESG dans les processus d’investissement. Et cela ne se fait pas au détriment des rendements financiers, bien au contraire. Plusieurs fonds offrent de meilleures performances en temps de crise.

Cela se matérialise par exemple, de la part des investisseurs, par un bilan carbone des entreprises (facteur E) ou un bilan social (facteur S) ou encore une évaluation de la gouvernance (facteur G) mise en place par l’entreprise, ou encore, de sa capacité de la mettre en place.

L’effort qui est fait pour tenir compte de critères ESG, souvent effectué pour une meilleure gestion des risques auxquels ces investissements peuvent être exposés, démontre qu’il est possible de le bonifier en y ajoutant les ODD, vus comme périphériques et faisant partie du même écosystème. En effet, les ODD nous proposent d’unir nos forces en visant des buts communs.

Par exemple, le gestionnaire du fonds de pension des travailleurs de la santé et du bien-être des Pays-Bas, PGGM, a consacré en 2017 plus de 14 milliards d’euros à des investissements liés à cinq des 17 ODD, soit près de 7 % des 210 milliards d’euros sous sa responsabilité.

À l’échelle de la planète, ce sont 225 milliards d’euros qui ont été investis par le privé dans les dernières années dans cinq ODD. Plus près de nous, l’investisseur institutionnel Fondaction prend en compte les ODD dans son analyse préinvestissement de chaque entreprise, puis effectue un suivi régulier de l’évolution des entreprises en portefeuille par rapport aux ODD.

Responsabilité sociale des entreprises

Que ce soit à travers la prise en compte des facteurs ESG pour une gestion des risques ou une création de valeur ou que ce soit l’adoption de nouvelles orientations en lien avec un ou plusieurs ODD, il est toujours question de responsabilité sociale des entreprises.

Celle-ci appelle à modifier la façon dont les entreprises sont gouvernées et à donner un sens particulier à leurs actions. Tant les facteurs ESG que les ODD devront être pris en compte dans le processus décisionnel des directions d’entreprise et de leur conseil d’administration, qui agira comme gouvernail.

Dans un monde post-COVID-19, où la responsabilité sociale des entreprises est mise sous les projecteurs, il y a fort à espérer que ces exigences des investisseurs et des créanciers soient plus encore orientées vers le développement durable et ses objectifs.

Alors, entreprises, tenez-vous-le pour dit : votre contribution aux ODD et les impacts positifs et négatifs que vous avez sur eux seront de plus en plus scrutés à l’avenir !

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