Pendant que l’on cherche désespérément un vaccin contre la COVID-19, les gouvernements parent aux urgences. Ils préparent aussi des plans de relance : des hypothèses chiffrées en milliers de milliards de dollars sont sur la table.

Le milieu de la culture s’invite au cœur de ces discussions, car il a déjà beaucoup perdu et subira encore longtemps les ravages de cette crise. Ce faisant, il pourrait aussi influencer certains des choix de société qui façonneront la relance.

Nos modèles remis en question

Les fondements des modèles de création, de production et de diffusion culturels qui prévalaient avant la pandémie sont profondément touchés par l’interdiction des rassemblements, les mois de confinement, le contrôle des déplacements et la quasi-fermeture des frontières. Le choc brutal ne fut toutefois pas le naufrage appréhendé. En quelques jours, des centaines d’artistes ont diffusé leurs créations de leurs « studios maison ». Des contenus et des évènements initialement planifiés pour des salles ou autres espaces publics ont, avec une rapidité et en nombre spectaculaire, migré dans l’espace numérique. Les habitudes de consommation et de participation culturelles ont changé énormément et, peut-être, pour longtemps encore.

La probabilité d’un retour rapide aux habitudes de fréquentation culturelle s’amincit au fur et à mesure que les autorités reportent la fin des mesures de distanciation physique.

Les capacités de dépenser des individus et des familles sont aussi réduites. Les pays se replient sur eux-mêmes. L’absorption des productions destinées à l’international par nos propres marchés presque déjà saturés avant la pandémie est improbable.

La place et l’importance des arts et de la culture n’ont toutefois pas diminué avec ce cataclysme. Grâce aux initiatives de nombreux artistes, ils se sont davantage incrustés dans nos rituels quotidiens de confinés. L’essor des différents mouvements incitant à consommer des produits et des ressources d’ici favorisera sans nul doute les artistes et les compagnies artistiques qui misent sur la proximité et qui resserrent ainsi leurs liens avec leur communauté. Le réalisme nous invite à en prendre acte et à envisager la suite des choses avec une véritable volonté d’expérimenter et d’innover.

Des collaborations bénéfiques

Le secteur des arts et de la culture inventera encore de nouveaux modèles au sortir de cette pandémie. La réflexion en ce sens est déjà entamée.

Cette crise aura mis en évidence l’importance cruciale d’intensifier les collaborations mutuellement bénéfiques avec d’autres secteurs d’activités pour favoriser l’innovation, par exemple avec la recherche scientifique, l’entrepreneuriat numérique, l’action communautaire ou la coopération internationale. Les avancées durables dans la reconstruction de nos sociétés, tout comme la réorganisation et le financement adéquat de nos façons de créer, de produire et d’interagir avec les publics demandera le meilleur de la création artistique et littéraire.

Il faudra revoir les notions d’offre et de demande culturelles et sans doute mieux soutenir l’une et l’autre.

La relance envisagée ne doit pas être qu’une simple répétition des recettes d’un passé aux assises précaires.

L’adoption rapide et généralisée des outils numériques pour maintenir les interactions sociales essentielles en dépit des restrictions physiques, la solidarité locale et internationale et le constat largement partagé des bienfaits de cette paralysie de nos activités sur l’environnement seront sans doute les plus importants acquis de cette crise sur lesquels on devra s’appuyer pour repartir la grande roue de l’économie et du vivre-ensemble.

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