Les crises telle que celle de la COVID-19 ont souvent des effets imprévus

D’entrée de jeu, l’arrivée de la Coalition avenir Québec au pouvoir s’est faite sous un fond de provincialisme. Après tout, c’est avec le même thème que Maurice Duplessis a dirigé le Québec pendant 18 ans dans les années 40 et 50.

Puis surgit la crise de la COVID-19 qui, par la force des choses, interpelle le leadership du leader politique en place, soit François Legault. Celui-ci devient ainsi la référence populaire, à l’instar du cardinal Paul-Émile Léger qui, dans les années 50, agenouillait quotidiennement les Québécois avec le chapelet en famille sur le thème : une famille qui prie est une famille unie. 

Le slogan est maintenant : un Québec confiné est un Québec sauvé. Le Québec s’était préparé à faire face à plusieurs catastrophes (inondations, incendies, attaques à la bombe). Mais il n’était pas préparé à une pandémie. Pourtant, gouverner, c’est prévoir ! Faute des moyens matériels d’usage, particulièrement des équipements protecteurs pour les soignants et la population ou d’aseptisation des lieux publics, le mot d’ordre de François Legault à l’endroit des Québécois a été le suivant : « Allez-vous cacher ! »

Tous se sont confinés, François Legault devenant une sorte de demi-dieu que les Québécois écoutent quotidiennement avec un regard apeuré qui laisse entrevoir l’expression « sauvez-nous ! ».

La COVID-19 est ainsi montrée du doigt comme un terrible persécuteur qui attribue à François Legault et Horacio Arruda un rôle de sauveteurs, dans une dynamique où les Québécois sont confinés au rôle de victimes.

Pourtant, la Corée du Sud, échaudée par le SRAS en 2003, était prête, contrairement au Québec. Le pays asiatique a confiné les personnes infectées, pas tout le monde. La Corée du Sud avait du matériel protecteur à la fois pour les soignants et la population (des masques pour les citoyens). S’ajoutaient l’aseptisation des lieux publics et des moyens de traçabilité des contacts des personnes infectées. Par conséquent, l’économie de la Corée du Sud n’a pas été bloquée. 

En clair, le confinement généralisé et le blocage de l’économie qui en découle sont le lot des pays qui avaient largué des pans entiers de leur secteur manufacturier, particulièrement la fabrication des médicaments et de l’équipement médical.

Le Québec en tire une leçon glaciale : l’autonomie, une valeur au centre du modèle québécois, ne concerne pas seulement la culture.

Elle interpelle abondamment le secteur manufacturier qui a été laissé aux aléas de la mondialisation depuis 50 ans. Nos accords commerciaux prennent du plomb dans l’aile, notamment lorsqu’il s’agit de se procurer de l’équipement protecteur pour les soignants et la population. C’est « au plus fort la poche » à des prix exorbitants.

Des lendemains difficiles

De ce terreau surgit un nouveau nationalisme québécois, d’une saveur économique. Certes, le gouvernement du Québec n’avait rien préparé, mais le confinement généralisé vient sauver la donne.

Toutefois, la facture risque d’être salée sous une gouvernance qui prend d’urgence diverses initiatives humanitaires, a priori nécessaires, sans trop se préoccuper de leurs conséquences financières éventuelles.

Ainsi, les régimes de retraite et les salaires risquent éventuellement la stagnation ou l’amputation, tant dans les secteurs privé que public, sans compter les faillites d’entreprises. Nul besoin d’être devin pour prédire des lendemains difficiles au niveau des impôts et des charges sociales.

Mais ce qui se passe présentement est trop gravissime pour rester lettre morte. Le Québec va certainement s’organiser pour réduire les coûts humains et financiers d’une prochaine pandémie à l’image de la Corée du Sud qui, à l’évidence, a tiré de sages leçons du passé. Déjà, de nouvelles initiatives naissent un peu partout au Québec, fondées sur la solidarité, dont l’achat québécois est un vecteur majeur. 

Dorénavant, le nationalisme économique, fouetté par les nouvelles compétences des milléniaux, transcendera probablement le nationalisme culturel.

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