C’est notre premier matin dans cette petite maison sur la rive du lac Atitlán, au Guatemala. Un bruit à la fenêtre me réveille. Instinctivement, je sais qu’il est très tôt. J’essaie d’ignorer le son, mais c’est impossible ; la fenêtre est juste au-dessus de notre lit. C’est un toc toc répétitif, comme si quelqu’un demandait la permission d’entrer. Je présume que c’est le vent qui pousse une branche d’arbre. À ma gauche, ma conjointe Laura est immobile. À son côté, je perçois du mouvement. C’est Elena, notre bébé de 4 mois qui a été réveillée, elle aussi.

En tant que parent, on acquiert rapidement un sixième sens pour détecter le réveil de notre enfant. Et on jure intérieurement. Non, je blague. Elena est notre bébé soleil. Elle se lève toujours avec le sourire. Ce matin ne fait pas exception.

La veille, nous avions pris une décision familiale importante. Après cinq jours passés au Guatemala, nous faisions face au même dilemme que des millions de voyageurs et expatriés à travers le monde. La pandémie gagne du terrain. Le gouvernement nous exhorte de revenir au pays. Devrions-nous partir ou bien rester ? Je ne mentirai pas ; la discussion entre ma conjointe et moi a été courte. On savait d’emblée que s’installer temporairement ici était la meilleure décision, tant pour nous que pour notre enfant.

Nous avons soupesé les différents facteurs. Le Guatemala a déjà interrompu tous ses vols commerciaux. Un départ impliquerait donc différents transports routiers et aériens onéreux à l’issue incertaine. Considérant l’obsession justifiée du gouvernement guatemaltèque de limiter les déplacements, il y a de fortes chances que nous soyons bloqués en chemin. Ou pire encore, mis en quarantaine à l’hôpital. Pas question de prendre ce risque, surtout avec un enfant.

Une autre option est d’attendre et de rester à l’affût si d’autres options se présentent. Déjà, nous avons eu vent d’un vol nolisé qui ramènera des Canadiens au bercail, en provenance de Ciudad de Guatemala. L’expédition totale coûte 220 000 $ et les frais sont divisés entre les passagers. Chacun paiera entre 2000 $ et 3000 $ pour un billet qui en vaut habituellement 400 $. C’est dur à avaler.

Nous avons opté pour la tranquillité d’esprit. Nous resterons ici le temps que la tempête s’estompe.

Il y a moins de risque de contracter ou propager le virus en agissant ainsi. Surtout, on peut dès maintenant mettre le cerveau en mode vacances. Profiter du beau temps, du magnifique lac Atitlán et des fruits gorgés de soleil.

La chance nous a souri. Nous avons déniché une toute petite maison à prix modique. Notre balcon surplombe le lac et offre une vue saisissante sur les volcans qui l’entourent. Elena est aux oiseaux. Maman et papa aussi.

D’ailleurs, le toc toc matinal est un petit oiseau jaune qui cogne sur son reflet dans la vitre. Chaque matin, il me réveille juste avant le lever du jour. Un signal qu’il est temps de s’asseoir sur le balcon, méditer et s’imprégner des rayons du soleil levant. Bientôt, Laura et Elena se lèveront à leur tour. C’est le début d’une autre journée de quarantaine en famille au soleil.

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