Jacques Parizeau disait souvent qu’il fallait parfois frotter deux idées ensemble pour en créer une troisième et que « le mieux est l’ennemi du bien ». En situation d’urgence, ne créons pas d’autres systèmes Phénix gouvernementaux.

Les gouvernements veulent réagir à la situation. Avec des habiletés différentes, ils essaient et tant mieux s’ils réussissent.

Il y a quelques jours, le gouvernement du Québec a lancé une initiative impliquant sa « banque d’affaires », Investissement Québec. Sans doute qu’aujourd’hui les appels fusent de toutes parts et l’engorgement viendra. Idem du côté fédéral. Un gouvernement, c’est comme un paquebot : il ne peut se « retourner sur un 10 cennes ».

Une sage voix de la grande entreprise du Québec inc., Serge Godin, vient de souligner un élément majeur : « Gardons le lien d’emploi », dit-il. Il a raison. Subventionner les entreprises en souhaitant que l’argent se rende dans les poches des salariés est l’objectif ultime. Cependant, passer à travers la moulinette administrative des gouvernements risque de compromettre le tout.

Alors, frottons son idée à celle proposée dans ces écrans la semaine dernière, et passons par « l’écosystème » de l’entrepreneur, qu’il soit très grand ou tout petit : son banquier ou sa caisse.

Pourquoi ne pas simplement inviter l’entrepreneur à faire financer temporairement la paie par son banquier : le prêt emploi ? Le banquier a déjà la liste des employés, il transite la paie régulièrement, fait les déductions idoines… qu’il continue ! Ainsi, le lien d’emploi sera préservé et les employés n’auront pas à attendre le chèque du gouvernement qui viendra assurément en retard… et pour certains, trop tard.

De l’autre côté, le gouvernement (Québec ou Canada) accordera les subventions et garanties nécessaires auprès des banques pour, d’une part, payer les intérêts sur ces prêts d’emploi, d’autre part pour garantir le remboursement, et ce, dans des délais à négocier ultérieurement.

Le citoyen n’a pas à attendre que les gouvernements se mettent d’accord et signent des ententes avec les banques. Il veut recevoir sa paie, garder son lien d’emploi et reprendre au plus vite son travail.

Faudra-t-il prêter 100 %, 90 % ou 80 % de la paie ? Faudra-t-il garantir les prêts et à quel niveau ? Faudra-t-il à la toute fin de la crise les faire assumer en entier ou partiellement par le gouvernement, les entreprises, les employés ? Repoussons ces questions, hautement bureaucratiques, après la crise.

Ce qui importe, c’est le lien d’emploi qui doit être sauvegardé (merci, Serge Godin, de l’avoir souligné) ; la paie doit être déboursée comme d’habitude et honorée par les institutions financières usuelles.

Le bouton à quatre trous existe entre les employés, les employeurs et les banquiers. N’inventons pas un nouveau bouton pression…

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