Nous sommes conscientes que notre milieu de vie peut représenter une gêne pour certains, qui s’explique forcément par une méconnaissance de ce milieu et par des préjugés ancrés dans les mentalités depuis trop longtemps. Nous ne comptons plus le nombre de remarques reçues par rapport à notre vie en HLM. Pourtant, un lieu de résidence ne définit en aucun cas une personne.

Dans le cadre des Journées de la persévérance scolaire 2020, qui se déroulent du 17 au 21 février prochains, nous sommes fières de parler ouvertement de notre situation et voulons défaire les stéréotypes entourant les jeunes qui vivent en habitations à loyer modique (HLM). Parler de son HLM, dire qu’on y habite, en être fier, ça change tout ! On ne doit pas se cacher. N’ayons pas peur de prendre notre place. Nous ne sommes pas seuls.

Les jeunes en HLM, des décrocheurs ?

Grandir dans les HLM ne signifie pas que nous soyons moins doués ou moins motivés. Au même titre que tous nos amis et camarades de classe, nous avons des rêves et une grande volonté de réussir. Toutefois, les ressources sont parfois moins nombreuses et l’entourage moins présent, pour certains.

En janvier 2020, 4512 familles, réparties dans 17 arrondissements à Montréal, vivaient dans un HLM. Avec en moyenne 2,15 enfants par famille, la très grande majorité de ces familles sont monoparentales (67 %) et vivent dans une situation de grande pauvreté et d’exclusion sociale. Malgré l’aide que peut représenter un logement subventionné, ces familles ont un revenu moyen mensuel de 1116 $.

C’est un fait connu : la situation économique d’une famille est un facteur déterminant de la réussite à l’école.

Pour nous, la persévérance scolaire est un acte à la fois individuel et collectif. D’un côté, chacun d’entre nous doit prendre les études au sérieux et y consacrer les efforts nécessaires. De l’autre, sans les encouragements et le soutien de notre entourage, du système d’éducation et de la société en général, il peut être très difficile de continuer.

Avançons ensemble !

Toutes les trois, nous nous donnons le devoir de nous impliquer dans la société et de travailler à devenir des figures inspirantes pour les autres jeunes, que ce soit par notre participation au Forum Jeunesse de l’île de Montréal, au Parlement jeunesse pancanadien de la Fédération de la jeunesse canadienne-française ou encore au MOUV, un mouvement mis en œuvre par et pour les jeunes en HLM.

Nous avons eu la chance d’avoir été soutenues, que ce soit par notre entourage, nos formidables enseignants, des organismes communautaires ou encore par la Fondation de l’Office municipal d’habitation de Montréal, dont la mission est d’encourager les jeunes des HLM à persévérer dans leurs études. C’est pourquoi nous souhaitons donner à notre tour, faire une réelle différence dans la vie d’autres jeunes.

À tous les jeunes : nous devons faire tomber les barrières entre nous ; il y en a déjà assez dans la société. Unissons-nous et encourageons-nous !

* Cette lettre est cosignée par les sœurs jumelles Sihem Youbi, étudiante à l’Université McGill au baccalauréat en enseignement primaire, et Iman Youbi, étudiante à l’Université de Montréal au baccalauréat en mathématiques, ainsi que Leidy Paola Duque, élève au Cégep André-Laurendeau et récipiendaire d’une bourse de la Fondation de l’Office municipal d’habitation de Montréal.

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