Une vraie bordée. Une tempête. Je parle des actualités. Et un peu de la neige de vendredi : trois heures pour déblayer. Pelle, souffleuse, tracteur. Les vêtements trempés ; me suis changé deux fois. Dilemme moral : est-ce que je les mets à la sécheuse ou devant le poêle à bois ?

La sécheuse, ça va vite, mais ça prend de l’électricité. Le poêle à bois c’est plus long, mais il faut tuer des arbres. Vous voyez le cas de conscience ? Y a des jours où je ne sais plus où donner de la tête. La loi 21, les pesticides. En plus, la Chine et son nouveau virus – on se demande s’il est sensible au froid – et autres nouvelles alarmantes. C’est aussi essoufflant que pelleter. Mais il y en a une ou deux qui nous ont beaucoup pris la jambe.

On a appris ces dernières semaines que c’est le système nerveux central qui doit faire office de règle dans la bonne conduite de notre alimentation. Quelques individus, avec la bienveillance de vouloir sauver le monde (c’est dit sans ironie), ont manifesté récemment et reçu beaucoup d’attention médiatique, pour convertir l’humanité aux bonnes pratiques morales et éthiques. Par bonté ou intérêt ? En tous les cas, convaincus d’avoir raison.

On ouvre une parenthèse ici : ça s’apparente au syndrome de Brébeuf (une version 2.0) et c’est bien en soi, mais ça vise mal.

Ce syndrome se manifeste chez des personnalités idéalistes avec une certaine aisance intellectuelle (et parfois matérielle), et ceux qui en sont atteints se mettent à vouloir sauver les autres, et l’humanité.

Parfois, préférablement, c’est déconnecté du lieu où ils sont nés ou de leurs origines culturelles. Par « les autres », on peut entendre ici des communautés du Nunavik, du Nunavut, d’Haïti, de certains pays africains…

Le plus étrange, et ce n’est pas rien, le syndrome cause une forme d’amnésie sur les difficultés locales : les problèmes sociaux et de santé, de famine, les sévices corporels, les problèmes d’éducation, de logements, la maltraitance et la négligence infantile ou la pauvreté juste ici, sous nos yeux. Chez soi. À tout au plus quelques kilomètres de tous ceux qui lisent ceci. Et ces personnes croient savoir et imposer la vérité. Voilà qu’une version alimentaire (végane) a vu le jour récemment. Avec certaines belles et vraies raisons, et d’autres, pour le dire poliment, incohérentes. Mais on ne parlera pas de ça. Le dialogue ne sera jamais possible. Sinon pour dire que l’écart s’est beaucoup creusé entre les urbains et les ruraux dernièrement. Alors qu’un rêve d’agriculture durable commence à poindre.

Cela étant dit, le président américain aussi est convaincu d’avoir raison. Je vous jure. D’ailleurs, quand va-t-on cesser de s’offusquer, de soupirer ou de rouler des yeux quand on y fait allusion ? Faut-il encore le répéter ? Il y sera jusqu’en 2024. Il est bon de rappeler qu’il a un taux d’approbation de 49 % et a été élu démocratiquement. Croit-on véritablement qu’il ait commis davantage d’abus de pouvoir que d’autres ? Il s’est fait pogner, c’est tout. Et s’en est sorti. Avouez…

Ce qui donne des frissons, et c’est de ça qu’on devrait parler, c’est que la moitié de la population l’approuve. On partage l’espace social avec ces gens. Ce n’est pas si différent chez nous. Surtout quand on constate que plus de 140 000 personnes ont signé, en quelques semaines seulement (un record historique), une pétition (e-2341) contre une loi du gouvernement Trudeau pour bannir certaines armes d’assaut de type militaire alors que le Pacte pour la transition (une cause écologique et environnementale) en a obtenu à peu près 285 000, et ça fera bientôt un an et demi. À chacun sa cause. On s’entend qu’il manque quelques barreaux à l’échelle de la pertinence. Qui s’en plaindra ?

Les actualités, et l’idée d’une société, sont devenues du divertissement. C’est clair qu’il est beaucoup plus facile d’être contre une idée que pour. Triste constat. Là où ça devient inquiétant pour la suite du grand monde libre et évolué qu’on est devenu, c’est de croire que c’est Donald Trump, le responsable de cette polarisation d’idées. C’est trop de mérite et de vanité pour cette personne.

À trop tirer sur la mauvaise cible, on gaspille ses munitions. Tiens, pendant qu’on parle de la Chine pour son virus, il est intéressant de constater que le gouvernement chinois, lui, semble réfléchir pour 100 ans avec des structures sociales et des idées. Imaginez l’avenir quand on peut construire un hôpital de 1000 lits en 10 jours. Alors qu’aux États-Unis, entre les cowboys et les Indiens du Congrès, c’est une réélection tous les quatre ans qui monopolise la cause.

La Chine joue aux échecs pendant que Donald Trump joue au tic-tac-toe.

Une idée comme ça : est-ce qu’on pourrait envoyer quelques militants véganes aux États-Unis ? Imaginez si on mettait de la colle dans la serrure de la porte d’entrée de la Maison-Blanche.

C’est une idée comme une autre. Mais elle n’est pas de moi. Par respect.

Vous savez ce qui a un système nerveux et qui est mort d’un virus humain – que l’on a oublié de sauver – et qui avait des yeux tristes et beaux ? Le gros bon sens.

Pour ceux que ça concerne, c’est le temps de commander ses semences, de préparer le poulailler, d’aller vérifier le matériel pour les sucres… Tout va bien.

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