Ce lundi, le premier ministre Legault a participé à la rencontre des premiers ministres de l’Atlantique, bravo.

Cette rencontre se tenait quelques jours après l’annonce de trois ententes distinctes en matière d’électricité entre le Québec et le Nouveau-Brunswick. Par la première, le Québec augmente ses ventes, par la seconde, il tire profit de son expertise pour améliorer les installations de Mactaquac au Nouveau-Brunswick. Enfin, par la troisième, la plus importante selon moi, Hydro-Québec et NB Power conviennent d’étudier les moyens d’augmenter les capacités de transport.

Ces développements sont importants. Ils nous font voir qu’il vaut la peine d’être patient d’autant qu’au cours des prochaines années, la Nouvelle-Écosse et l’Ontario feront inévitablement face à des choix importants. Cela nous rappelle aussi la relation tendue avec Terre-Neuve-et-Labrador. Dans ce cas comme dans les autres, il vaut la peine de garder des portes ouvertes. Les premiers ministres Philippe Couillard et Dwight Ball avaient réussi un rapprochement et provoqué la signature d’ententes relativement aux ressources minières et en transport, mais la question « électrique » restait hautement problématique.

Les autorités politiques chez nos voisins sont encore convaincues d’avoir été flouées par le Québec à l’occasion du sauvetage de Churchill Falls. Au Québec, 50 ans plus tard, nous contestons toute aide fédérale au dispendieux projet de Muskrat Falls en raison du préjudice que cette concurrence déloyale entraînerait pour Hydro-Québec. Malgré la relation tendue, je me souviens encore de l’accueil très chaleureux que les députés québécois avaient réservé au premier ministre Ball en avril 2018 alors qu’il prenait place aux galeries de l’Assemblée nationale.

Une délégation de parlementaires de Terre-Neuve-et-Labrador m’avait confié quelques semaines plus tard leur sentiment que le temps du rapprochement avait sonné et que nous aurions avantage à devenir des partenaires. Nous sommes rendus là.

Les Québécois, actionnaires d’Hydro-Québec, tirent avantage de l’exportation de notre électricité chez nos voisins. Et la planète s’en porte mieux lorsqu’une énergie verte remplace les centrales au charbon. À l’évidence, nos relations canadiennes rapportent et cela est vrai dans plusieurs domaines.

Dans son Calepin économique 2019, le ministère de l’Économie révèle que pour l’année 2015, les échanges du Québec en biens et services avec les provinces de l’Atlantique s’élevaient à 15 milliards de dollars. Pour saisir l’importance de ce marché, soulignons que le ministère indique qu’en 2018, les échanges de biens entre le Québec et la Chine étaient de 16 milliards de dollars, de 7 milliards avec le Mexique, de 6 avec l’Allemagne et de 5 avec la France et avec le Royaume-Uni.

Le Québec a bien sûr avantage à rayonner aux quatre coins du monde. Et dès qu’on parle de politique d’exportation ou de développement de marché, l’international devient le principal terrain de jeu. Pourtant, en ce qui concerne l’importance de nos échanges, mis à part les États-Unis, aucun pays ne rivalise avec le marché intérieur canadien.

Multiplier les rencontres

Nous avons avantage à encourager nos entreprises à explorer et investir le marché canadien. Nous devons encourager nos autorités politiques à apaiser les tensions, favoriser les rapprochements et proposer à nos entreprises de faire du marché intérieur canadien une réelle rampe de lancement mondiale.

En ce sens, il faut saluer la participation du premier ministre du Québec à la réunion en Atlantique. Le message d’ouverture et de partenariat qu’on y a entendu est prometteur. Il serait souhaitable de rendre permanent ce genre de rencontre. Déjà, les premiers ministres de l’Atlantique, comme ceux de l’Ouest d’ailleurs, se réunissent quelques fois par année.

Sans interrompre les réunions que tiennent entre elles les provinces de l’Atlantique, le Québec devrait envisager de les rejoindre une fois l’an en proposant la mise sur pied d’un forum de l’Atlantique.

Dans le même ordre d’idée, nous devrions reprendre la réunion annuelle des conseils des ministres de l’Ontario et du Québec. Nos échanges avec l’Ontario surpassent ceux que nous avons avec l’ensemble de l’Europe ; que les décideurs publics des deux provinces optent pour une plus grande proximité est certainement utile à l’amélioration de l’environnement économique et social entre les deux provinces.

En prenant l’initiative d’un forum Québec-Prairies et d’un Forum nordique avec les trois Territoires, nous serions en mesure de mieux partager nos visions et intérêts, mieux comprendre les positions et défis des autres, saisir les occasions économiques et comprendre les diverses solutions sociales adoptées en fonction de réalités différentes de celles des Québécois.

Avec la Colombie-Britannique, sur la côte du Pacifique, on pourrait envisager la tenue de rencontres alternées réunissant les premiers ministres. Le Québec et la Colombie-Britannique ouvrent les fenêtres canadiennes sur l’Europe et sur l’Asie. On peut certainement en tirer un meilleur avantage.

Il est évident que les décideurs publics peuvent donner une impulsion positive en matière de croissance économique et de développement social en favorisant les rapprochements. Il est aussi vrai que la diplomatie interne demeure un moyen privilégié pour mieux connaître et mieux comprendre la réalité de nos partenaires. Multiplier les relations freine l’apparition de préjugés qui peuvent nuire au climat économique et social. Les relations canadiennes, ça rapporte. Pourquoi ne pas tout faire pour les entretenir ?

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