Des ingénieurs, des étudiants, des scientifiques, des professeurs, de jeunes mariés – tous tragiquement disparus dans l’écrasement du vol PS752, abattu durant le voyage qui devait les ramener de l’Iran au Canada via Kiev.

Or, bon nombre des 176 personnes qui ont péri appartenaient à une seule des nombreuses communautés immigrantes qui forment le Canada. Elles étaient des modèles de succès professionnel et personnel. Leurs réalisations sont une source de fierté pour quiconque partage leur héritage (c’est mon cas), leur passeport ou leur code postal. Il s’agit d’une énorme perte pour le Canada.

À mesure qu’émergeaient les détails de cette histoire ces derniers jours, à mesure que des noms et des visages remplaçaient les chiffres, mon cœur s’est brisé. Tant de vies brillantes et remplies de possibilités, fauchées beaucoup trop tôt.

Si cet événement a touché tant de Canadiens, c’est que parmi les vies des victimes, nous reconnaissons nos propres vies ou celles de personnes que nous aimons.

En ce qui me concerne, les similitudes de mon parcours avec celui de bon nombre des personnes décédées sont si nombreuses que je ne saurais en faire abstraction : 15 des passagers étaient diplômés de l’Université de technologie Sharif, mon alma mater en Iran ; bon nombre étaient étudiants étrangers en formation dans des universités de tout le Canada ; deux d’entre eux, Siavash Ghafouri-Azar et Sara Mamani, venaient de se marier en Iran et avaient récemment terminé leur maîtrise en génie à l’Université Concordia – mon alma mater au Canada.

J’en parle non pour m’immiscer dans cette tragédie, mais pour souligner à quel point les histoires de ces personnes reflètent les nôtres. Pour montrer qu’elles avaient les mêmes espoirs et aspirations qu’entretiennent tant de Canadiens. Nous vivons à une époque où certains voudraient attirer l’attention sur nos différences, mais s’il est une vérité à retenir de ce terrible événement, c’est qu’il n’y a pas à chercher loin pour trouver les nombreux points communs qui nous unissent tous, peu importent notre religion, notre race, notre genre ou nos moyens financiers. Cet événement est un autre rappel de la fragilité de la vie. De l’importance de nouer sans cesse de nouveaux liens et de surmonter nos différences. Je pense qu’il est juste de dire que le Canada était plus riche du fait que Siavash, Sara et toutes les autres victimes y avaient établi leur chez-soi.

Un triste parallèle

Cette tragédie rappelle en outre la catastrophe du vol 182 d’Air India en 1985, lorsque 329 personnes – dont de nombreux Canadiens d’origine indienne – ont péri durant un voyage devant les amener de Toronto à Delhi via Montréal et Londres.

À cette époque, j’étais étudiante au doctorat à l’Université Concordia et bon nombre des victimes avaient des liens directs avec notre établissement. Un camarade doctorant en génie y avait perdu la vie, et un professeur avait perdu toute sa famille. Devant l’ampleur de la présente tragédie, je suis frappée par les similitudes entre ces deux catastrophes aériennes.

Les deux écrasements ont dévasté une communauté particulière, et parmi leurs victimes se trouvaient des gens qui s’efforçaient de vivre la meilleure vie possible au Canada.

Leurs contributions au pays étaient nombreuses et s’inscrivaient dans divers domaines et secteurs de la société. L’un de leurs points en commun est leur attachement à l’éducation supérieure.

Œuvrant dans des domaines comme le génie, la médecine dentaire, les affaires et l’industrie, ils avaient obtenu des grades avancés et avaient connu dans bien des cas de brillantes carrières universitaires.

À l’Université Concordia, j’avais de la chance, car l’accueil d’une population diversifiée d’étudiants étrangers était ancré dans la culture de l’établissement – tout comme c’était le cas dans de nombreuses autres universités canadiennes. Cette ouverture favorisait l’intégration réussie des nouveaux arrivés au Québec et au Canada.

L’éducation supérieure étant une porte d’accès dans la société d’accueil, il est important de se rappeler à quel point la diversité est essentielle à la réalisation de notre vision inclusive. Cette vision anime notre deuil national, alors que toute la population partage la peine ressentie par la communauté irano-canadienne.

Nous devons continuer d’embrasser la diversité unique et accueillante qui caractérise le Canada d’une manière qui honore le souvenir des personnes qui ont péri.

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