Dans notre salon, en hiver, j’ai soudainement vu en état de choc les photos et vidéos à la télévision avec l’annonce d’une catastrophe biblique à Port-au-Prince, en Haïti. Dans les heures qui ont suivi, nous avons appris que nos amis proches, les personnes handicapées du Centre Saint Vincent, avaient été emportés en 30 secondes par le tremblement de terre. Les membres de ma famille se sont appelés pour pleurer.

Mais nous étions parmi les chanceux. Après 24 heures, nous avons découvert que cette nouvelle était fausse ! Presque tous nos amis étaient en sécurité, même lorsque le bâtiment était en ruine. Et dans la joie, les idées ont germé. Comment exprimer notre amour pour cette communauté de vraies personnalités, fortes d’esprit, de bonne humeur et compatissantes les unes envers les autres ?

Haïti n’avait pas d’école pour l’éducation des professionnels de la réadaptation.

Il était possible pour une personne handicapée de passer sa vie sans contact avec un professionnel offrant les thérapies et les adaptations qui peuvent la libérer des limitations.

Les services de réadaptation que les volontaires étrangers peuvent fournir étaient limités et partiels, et manquaient d’éléments culturels qui sont saillants pour les liens entre les Haïtiens.

En 2015, les portes se sont ouvertes avec seulement cinq étudiants pour deux programmes académiques, ergothérapie et physiothérapie, à l’Université épiscopale d’Haïti. Peu de temps après, les ergos et les physios de l’Université de Sherbrooke, au Québec, ont réalisé les possibilités d’une collaboration francophone avec cette école, nommée Faculté des sciences de réhabilitation de Léogâne (FSRL). L’Université de Sherbrooke possède une expertise en éducation globale et dans une forme d’apprentissage basée sur des études de cas : très appropriée pour développer une pensée critique et indépendante. La collaboration s’est développée et l’école aussi. Ce mois-ci, 10 ans après le tremblement de terre, il y aura la remise des diplômes de la première cohorte de la FSRL.

Les chefs d’établissement sont désormais haïtiens, accompagnés par des professeurs d’universités des États-Unis, du Canada et du Chili. Cette école n’a pas de véritable campus, pas de bibliothèque pleine de livres, pas d’Internet constant. Mais cette école a une bonté de créativité, d’énergie et de direction pour l’amélioration de la vie de plus de 1,1 million d’Haïtiens qui vivent avec des limites physiques, intellectuelles ou mentales. C’est un groupe inspirant, dont Haïti peut être fier.

* L’auteure vit maintenant au Montana (États-Unis).

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