Monsieur le Ministre de la Santé,

Je constate une constante protestation de votre gouvernement envers les Québécois qui ont décidé de se rendre dans le Sud, au point qu’ils devraient montrer une preuve de dépistage AVANT de prendre l’avion pour leur retour. Comme si on ne pouvait pas attraper le virus dans l’avion ou dans les aéroports en partant…

Ma conjointe et moi étant arrivés à Puerto Vallarta le 23 octobre dernier pour six mois, permettez que je vous apporte mes commentaires sur la situation vécue par nous.

Je suis un homme d’affaires de 72 ans – ma conjointe en a 73 (donc plus « à risque » selon les critères de la Santé publique du Québec) – qui organise depuis 18 ans des circuits-caravanes en VR au Mexique auprès de 2400 couples québécois. Notre saison a dû être annulée parce que les VR de nos clients ne peuvent franchir la frontière américaine. Je me dois tout de même de visiter nos fournisseurs mexicains cet hiver pour préparer notre saison 2021-2022 et donc me rendre dans ce pays pour y travailler malgré le fait qu’aucun revenu d’entreprise ne soit entré depuis mars. Les temps sont donc difficiles pour nous, mais la vie et les affaires continueront après ce virus.

Votre gouvernement a actuellement un problème de contaminations non encore stabilisé, mais, au lieu de trouver ce qui ne va pas « dans votre cour », vous préférez pointer du doigt un bout de vidéo dont on ne sait même pas si ce sont des Québécois ou des Américains sur cette plage de Riviera Maya (les visages sont caviardés sur la vidéo). Je suis en désaccord avec votre prise de position. Et loin de moi l’envie d’être un contestataire de vos décisions depuis mars. Au contraire, vous devez faire au mieux avec un ennemi invisible et vous avez très bien fait jusqu’à présent.

J’aimerais vous décrire la situation à Puerto Vallarta. La plupart des Québécois ici pour plusieurs mois sont retraités et leur âge dépasse les 65 ans. Ils sont donc tous TRÈS au courant des règles sanitaires minimales à respecter puisqu’ils avaient l’intention d’observer les mêmes qu’au Québec avant même de partir !

Les règles sanitaires à Puerto Vallarta sont bien supérieures à celles du Québec ! Les voici :

Lavages aseptisés des mains PARTOUT, sinon vous ne pouvez pas entrer. Distanciation obligatoire PARTOUT, incluant aussi des autocollants de distanciation PARTOUT sur les planchers. Masques OBLIGATOIRES PARTOUT, même à l’extérieur ! Tapis sanitaires PARTOUT (où vous devez marcher sur ce tapis avec fond de désinfectant aseptisant ou en partie d’eau de Javel) avant d’entrer dans les commerces. Prise de température à distance sur le bras ou dans le cou PARTOUT avant d’entrer. Les deux dernières règles établies à Puerto Vallarta n’existent même pas au Québec !

Au 23 décembre, il n’y avait que 18 cas actifs à Puerto Vallarta, avec un taux de mortalité inférieur à celui du Québec.

Toute la population collabore et est très consciente que sa participation est importante.

Tous les commerces sont ouverts, sauf les bars, les discothèques et les cantinas qui sont totalement fermés jusqu’au 10 janvier. Tous les partys du Nouvel An sont interdits partout, même sur les terrasses extérieures. La danse, la musique live et les feux d’artifice sont également interdits, tout cela afin d’éviter les rassemblements.

Le résultat ? Les hôpitaux PUBLICS de Puerto Vallarta ont un taux d’occupation faible. Quant aux hôpitaux PRIVÉS (utilisés par les touristes avec assurances), ils sont pratiquement vides !

Alors, pourquoi, selon vous, les gens se rendent-ils à Puerto Vallarta ? Parce que c’est moins risqué d’attraper ce virus (il y a peu de contaminés) et qu’on est assurés d’une place dans les hôpitaux en cas de malchance.

Et, à nos âges, il n’est que raisonnable qu’on veuille passer les dernières années de qualité de vie à la chaleur pendant l’hiver. Nous nous comportons de façon responsable en évitant les foules et en observant les mêmes règles sanitaires qu’au Québec. Il conviendrait donc pour vous de changer de « cible », car nous ne pouvons contaminer qui que ce soit au Québec, puisque nous ne sommes même pas là et que nous n’y serons pas avant plusieurs mois encore. Cela devrait plutôt vous rassurer.

Il serait donc apprécié de cesser de nous considérer comme des « pestiférés » potentiels alors que nous sommes en pleine forme et en pleine santé !

Lorsque nous sommes au Québec, nous respectons scrupuleusement les règles imposées pour le bien de la collectivité, mais, s’il vous plaît, ne venez pas nous mettre « au pilori » si nous décidons de partir en toute connaissance de cause. Nous sommes libres de nos décisions et nous connaissons très bien les risques actuels encourus au Québec ou ailleurs, alors être confinés au Québec ou être confinés à la chaleur…

Et si plus de 90 % des personnes décédées de la COVID-19 au Québec étaient âgées de 80 ans ou plus et dans des CHSLD ou dans des RPA, on est porté à se demander pourquoi viser une infime partie de la population qui souhaite s’en éloigner pour l’hiver.

Merci de m’avoir lu, Monsieur le Ministre, et continuez votre bon, mais difficile travail.

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