En réponse au texte de Joanne Marcotte, « Confessions d’une individualiste pure et dure »*, publié le 11 décembre

Madame Marcotte, j’ai lu votre contribution dans La Presse du 11 décembre, un texte que vous nous présentez comme une liste de croquantes confessions. Je conviens que chaque texte dans cette rubrique est limité sur sa longueur et qu’on doit choisir parmi nos thèmes. Une chose est claire, les gouvernements vous obsèdent, celui du Québec en particulier, dont les tentacules de « mastodonte » dépensier et omnipotent vous obsèdent sans relâche.

Ignorant le gouvernement fédéral, qui devrait pourtant être la source de votre calvaire suivant vos propres définitions, vous vous en prenez plutôt à la « surenchère nationaliste » en vous confessant avec courage et soulagement ne pas être nationaliste.

Je vous rassure. Ne pas être nationaliste assure probablement la plus grande paix d’esprit. Parlez-en à François Legault qu’on harcèle chaque jour pour qu’il se soumette à la théorie américaine du racisme systémique, à Mathieu Bock-Côté dont on voudrait censurer les livres et qu’on tente de traiter de « radical » à Tout le monde en parle, à Paul St-Pierre Plamondon qu’on compare momentanément à Pol Pot. Parlez-en aux Québécois qui se font associer à Trump (comme dans votre texte) dès qu’ils manifestent la moindre fierté nationale. Et je ne dis pas que des personnalités publiques d’horizons différents ne subissent pas les assauts de zigotos sur les réseaux sociaux, mais disons que se déclarer nationaliste, ça peut être risqué.

Aussi, ce retour du nationalisme n’est pas le fruit d’une conspiration, d’une campagne marketing qui « pogne », comme vous aimez dire.

En effet, partout dans le monde, la crise sanitaire nous a fait redécouvrir l’importance des frontières qui ne sont pas les « dessins sur une carte » décrits par Justin Trudeau. Apôtre du multilatéralisme, ce dernier a continué de sermonner le monde avec une stratégie servant un autre univers que le nôtre, sans autre effet que de voir le Canada être servi dans les derniers quant à une quantité suffisante de vaccins. Sans surprise, les pays ayant conservé une industrie pharmaceutique décente à l’intérieur de leurs frontières se serviront en premier. Et comme la grande majorité de nos médicaments viennent d’ailleurs, le Canada et le Québec seront encore vulnérables et soumis aux décisions des autres après la crise covidienne. Les « énormes sacrifices » auxquels vous faites référence auraient pu être diminués avec une vraie stratégie locale sur les biens essentiels. Et le « repos du guerrier » post-vaccination que vous souhaitez légitimement aurait pu être moins coûteux en efforts humains.

Ensuite, vous vous moquez de la « peur de la survie du français », tout en mentionnant à quelques reprises l’importance du patrimoine familial et des ancêtres.

Je ne sais pas comment vous pouvez concevoir que notre héritage collectif, le français et notre culture unique auraient survécu sans gouvernements conscients de notre précarité et du besoin d’en assurer la pérennité.

Ils ne furent pas tous indépendantistes. De La Fontaine à Bourassa en passant par Duplessis, on vit des hommes politiques différents mais animés, à leur façon, par le devoir de survivance et de transmission de notre langue et culture. Ce souci dans un contexte nord-américain anglophone a été une constante pour nos gouvernements jusqu’à la rupture complète pendant l’ère Charest-Couillard. Le gouvernement Legault ne fait que reprendre là où ces derniers avaient abandonné.

Il est bon ton de critiquer le gaspillage gouvernemental (provincial, fédéral) et plusieurs pensent que ces gouvernements devraient être plus petits. Ou qu’il y en a un de trop. Il est même possible que certains trouvent que les chaînes de la nation les empêchent de jouir de leur pleine individualité. Ils voient alors des complots gouvernementaux partout. Pour eux, il existe comme remède ultime, le « vote par les pieds », l’émigration.

*Lisez « Confessions d’une individualiste pure et dure »

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