Soirée spectaculaire que celle du 3 novembre dernier ! Et même si au moment d’écrire ces lignes, on ignore de façon définitive qui sera le 46e président des États-Unis, je suis d’avis que si le gagnant est inconnu, le perdant, lui, ne l’est pas.

Le perdant ? Le vivier politique où cohabitent maisons de sondage et commentateurs partisans de quelque parti que ce soit.

Les sondages annonçaient entre 6 et 10 points d’écart entre les deux candidats. Les routes vers un second mandat à la présidence étaient pratiquement inexistantes pour Trump, apprenions-nous de la bouche des analystes. Si la Floride passait dans le camp Biden, c’en était fini de cet effroyable menteur obsessionnel compulsif, narcissique, misogyne, sexiste et qui, en prime, s’était même permis de traiter de « losers » de valeureux militaires morts en service.

Ce n’est pas ce qui est arrivé. Le gagnant l’emportera vraisemblablement avec tout juste ce qu’il lui faut : 270 votes du collège électoral.

La thèse d’une élection référendaire sur la personnalité de Donald Trump ? Peut-être, mais si un afflux de nouveaux voteurs s’est manifesté dans les comtés de la Sun Belt, il semble qu’ils étaient plus nombreux à défendre Trump que Biden. Même dans les États du Nord, la lutte a été chaude. Près de la moitié des gens ont préféré un candidat au profil énergique et frondeur plutôt qu’un candidat masqué au profil infirmier.

Quant aux Latinos dont nous n’avions pas entendu parler jusqu’ici, mais que nous considérions comme un groupe monolithique, voilà qu’on comprend maintenant qu’ils sont nombreux à apprécier le caractère frondeur du président Trump. Pour les défendre contre le socialisme. Pas fous…

La gestion par le président de la COVID-19 ? Les démocrates en ont fait la question de l’urne, cette fameuse ballot box question. Plus de 230 000 morts à ce jour ! Allons donc, comment pouvait-on ne pas croire qu’une forte majorité du peuple américain n’allait pas sanctionner sévèrement le président ? Ce n’est pas ce qui est arrivé.

Finalement, qu’en est-il de l’hypothèse qui veut qu’un fort taux de votation soit associé à une volonté de changement ? 67 % des Américains pouvant se prévaloir du droit de vote l’ont fait, soit le plus haut taux de votation depuis l’an 1900 ! Les résultats sont-ils le reflet d’une volonté de changement ? De toute évidence, ce n’est pas ce qui est arrivé.

Bref, nous avons assisté mardi soir à un spectaculaire pied de nez aux sondeurs et aux analystes qui étaient ravis d’anticiper le congédiement du président de la Maison-Blanche.

Les Américains en avaient assez du président, racontait-on. Exténués. Épuisés. On allait en finir de ce cirque, de ce clown. Eh bien, non. Si on en croit les derniers résultats officiels, il s’en est fallu de peu pour que Trump soit réélu.

Fascinant. Parce que presque aucune maison de sondage n’avait pressenti la chose. Parce que tous les analystes s’attendaient presque à un raz-de-marée démocrate : à la présidence, à la Chambre des représentants et, tenez-vous bien, certains anticipaient même une prise de contrôle démocrate du Sénat.

Rien de tout ça n’est arrivé

Que s’est-il passé, encore une fois, pour que la surprise soit presque totale ? Se peut-il que pour bien des gens, l’exaspération ne portait, mais pas du tout, ni sur le caractère de Trump ni sur la COVID-19 ?

Se peut-il qu’une bonne portion de cette majorité silencieuse soit plus exaspérée par une minorité bavarde politico-médiatique qui lui ressemble de moins en moins ? Se peut-il que 50 % de la population américaine soit plus sensible et craintive des effets du confinement sur leurs entreprises que des effets de la COVID-19 elle-même ?

Près de la moitié d’un peuple a voulu accorder à Donald Trump un autre quatre ans à la présidence. En fait, le décompte de chacun des États révèle qu’il n’y a pratiquement plus d’États rouges ni d’États bleus. Cette carte est devenue trompeuse alors que dans les faits, à peu près tous les États sont mauves.

Bref, si les démocrates voulaient étendre leur électorat, ils ont échoué.

Selon la firme de recherche Edison, dont les résultats d’une recherche apparaissaient dans La Presse, plus du tiers des jeunes Américains ont voté Trump. Les vieux ? Ils auraient voté majoritairement pour Trump ! 42 % des diplômés universitaires ont voté Trump. La moitié des Blancs avec un diplôme universitaire ont voté Trump. Sous-éduqué, le votant républicain ? Quant aux Américains dont les revenus annuels sont supérieurs à 200 000 $, ils sont plus nombreux à avoir voté… Biden.

Avouez qu’il y a de quoi réviser les préjugés tenaces en matière de votant médian républicain, non ? Et peut-être qu’à la fin, ce 50 % de l’électorat a tout simplement eu plus peur des démocrates, des hausses d’impôts, des envolées lyriques de l’extrême gauche et du confinement. Plus peur de tout ça que de la COVID-19.

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