Alors que la Ville de Montréal s’apprête à présenter son plan pour les mesures hivernales, le collectif #OnNeLaissePersonneDerrière craint que les services déployés ne rejoignent pas les personnes sans abri ni refuge, ou qui ont recours à des tentes.

Les personnes en situation d’itinérance font face à de multiples défis dans le contexte de la pandémie : isolement, détresse psychologique grandissante, crainte d’attraper la COVID-19 dans les hébergements d’urgence, difficulté à respecter les mesures de santé publique sans lieu à soi ni accès à l’eau courante ou à des installations sanitaires. À l’approche de l’hiver viennent s’ajouter les enjeux liés au froid et à l’accès à des espaces de chaleur. Elles subissent également les effets de la crise du logement à laquelle s’ajoute la crise des surdoses. Les personnes en situation d’itinérance sont ainsi plus vulnérables.

La visibilité des campements ne doit pas faire oublier les réalités moins visibles. Pensons aux personnes autochtones dont les installations ont été démantelées dès leur établissement, aux femmes et aux personnes LGBTQIA2S+ qui peinent à trouver des endroits sécuritaires et adaptés.

Une solution de dernier recours

Des campements de petite et de grande envergure se retrouvent sur l’ensemble du territoire montréalais. Ce phénomène, qui n’est pas nouveau, s’est mis en place face aux besoins des personnes de répondre à leurs préoccupations d’autonomie et de sécurité tout en restant connectées à un quartier, un réseau, une communauté ou encore des services.

Depuis avril, des organismes communautaires et institutionnels travaillent de concert pour aider et soutenir des personnes en situation d’itinérance. Cela leur a permis notamment de trouver des structures d’accueil, de recueillir des informations de prévention et de développer des liens de confiance avec des personnes-ressources. Il n’existe pas de solution unique et les hébergements d’urgence ne sont malheureusement pas toujours une réponse adaptée à certains besoins.

Mesures sanitaires et itinérance

Les inconvénients que posent les campements actuels en termes de sécurité publique, de salubrité, de santé publique ou de voisinage sont minimes en comparaison aux bénéfices qu’en retirent les personnes qui utilisent ce mode de survie.

Ces installations permettent aux personnes de trouver une certaine stabilité et de limiter leurs déplacements, comme le préconisent les directives de santé publique.

Le concept de « bulle » promu par le gouvernement est applicable pour les ménages en logement. En contexte d’itinérance, il vise à se transposer dans le maintien de liens d’entraide informelle. On parle ainsi de « frères et sœurs de rue », des bulles légèrement différentes de celles de la Santé publique, mais qui répondent aux mêmes besoins de santé, de sécurité et de liens affectifs. D’ailleurs, nous n’avons pas constaté d’éclosions majeures auprès des personnes qui campent ou qui sont sans refuge ou sans abri depuis le début de la pandémie.

Démantèlements néfastes et contre-productifs

La destruction de ces installations ne règle en rien la situation. Ces expulsions et la violence dont elles sont synonymes (effets personnels jetés aux ordures, agressivité, brutalité policière, structures détruites au bulldozer) fragilisent davantage les personnes qui y vivent, déjà en situation de grande précarité.

Dans l’intérêt premier des personnes qui n’ont d’autre choix que de résider dans une tente en pleine pandémie mondiale, le collectif #OnNeLaissePersonneDerrière s’oppose fermement aux démantèlements des campements.

Ces mesures brutales ont des conséquences désastreuses pour les personnes qui se retrouvent sans ressources en plus d’être sans abri.

Montréal, actrice clé dans la réponse aux besoins

Le collectif #OnNeLaissePersonneDerrière interpelle la Ville de Montréal afin d’apporter des réponses concrètes et adaptées aux personnes qui résident présentement dans les campements. Il est ainsi recommandé de :

– Mettre un terme à tout démantèlement d’installations extérieures. Nous demandons à la Ville de faire preuve d’une tolérance universelle de ces installations sur tout le territoire ;

– Permettre aux personnes l’accès à la chaleur, notamment en leur permettant d’accéder aux installations existantes et en développant, par exemple, des haltes chaleur extérieures à proximité des campements ;

– Permettre aux personnes l’accès à l’eau potable, à des toilettes, aux douches gérées par la Ville et aux buanderies ;

– Développer un accès privilégié aux dépistages de la COVID-19 et aux espaces d’isolement dans les quartiers ;

– Respecter les engagements pris dans le Plan d’action montréalais en itinérance, notamment concernant les installations sanitaires dans les quartiers, le financement des initiatives favorisant la cohabitation sociale et l’analyse des besoins locaux ;

– Favoriser la création d’hébergements adaptés pour les femmes, les personnes LGBTQ+, les personnes autochtones et les personnes consommatrices de substances.

Dans l’attribution du financement de 263 millions alloué par le gouvernement du Québec à la Ville de Montréal, le collectif #OnNeLaissePersonneDerrière demande à la municipalité de travailler conjointement avec les organismes reconnus pour leur travail auprès des différentes communautés et les personnes en situation d’itinérance afin d’apporter des réponses adaptées à des besoins urgents.

Consultez le site du collectif #OnNeLaissePersonneDerrière

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