Au printemps dernier, Ella, 12 ans, est venue consulter à l’urgence pédiatrique. Elle souffrait d’anxiété et de dépression sévères.

Son état était directement lié au confinement, car elle avait perdu tout contact avec ses camarades de classe et ses coéquipières de soccer. Tous les bienfaits de santé mentale et physique que lui procure son sport lui manquaient énormément. Tout ce temps passé enfermée dans sa chambre à regarder des écrans a exacerbé son anxiété et son état dépressif.

Lorsque j’ai su que François Legault prévoyait d’annuler les sports pour les enfants dans les zones rouges du Québec, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Ella. Selon Statistique Canada et l’Institut canadien d’information sur la santé, un enfant est 70 fois plus à risque d’être hospitalisé pour des problèmes de santé mentale que pour la COVID-19.

Chaque fois que l’on ferme les activités des enfants, il y a des répercussions importantes sur leur santé physique et mentale ainsi que sur leur développement social. La décision de M. Legault d’annuler les sports d’équipe pour les enfants causera des dommages importants à toute une génération de jeunes.

Les enfants représentent près de 25 % de la population mais ne peuvent pas voter, ne font pas partie d’un lobby et ne sont pas représentés par des syndicats. Ils n’ont aucun recours lorsqu’ils voient leurs activités annulées, car ils ne manifestent pas ou n’écrivent pas d’éditoriaux.

Nous devons comprendre que la deuxième vague est très différente de la première. Même si le nombre de cas est à la hausse depuis la fin de l’été, le taux d’hospitalisations n’a pas augmenté de façon draconienne. Le nombre de patients hospitalisés en raison de la COVID-19 est passé de 12 % durant la première vague à 2 % durant la deuxième vague. La raison est simple : nous avons appris à protéger la population à risque. Oui, il y a encore beaucoup de cas, mais ce sont, pour la plupart, les jeunes adultes qui contractent la maladie et qui sont donc moins susceptibles d’être hospitalisés.

Les enfants ont respecté les consignes. Ils ne sont pas allés à l’école pendant des mois, plusieurs d’entre eux n’ont pas fréquenté de camps de jour, ils portent des masques et suivent les règles sanitaires lorsqu’ils pratiquent leurs sports.

Ils ne sont pas responsables du nombre d’hospitalisations et jouent un rôle restreint dans la transmission de la maladie. Toutefois, on leur enlève ce qui les motive le plus, encore une fois !

Nous passerons à travers cette deuxième vague grâce à un traçage efficace des cas et en protégeant la population à risque. En annulant les sports d’équipe et en menaçant de fermer les écoles, nous ferons encore payer les enfants pour une maladie qui ne les rend pas malades et qu’ils transmettent à peine. Refuser l’accès aux parents dans les vestiaires et sur le terrain aura un plus grand impact sur la transmission de la COVID-19 que d’empêcher les enfants de faire du sport.

M. Legault, nous voulons voir moins d’enfants comme Ella dans les urgences et plus de jeunes pratiquer leur sport.

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