Avec la pandémie de COVID-19, la science a été comme jamais projetée à l’avant-scène de l’actualité, et pour cause. Ici comme ailleurs dans le monde, elle a été – et demeure – une de nos meilleures alliées pour faire face à cette crise sanitaire majeure. Dès les premiers signes de la pandémie, la communauté scientifique s’est mobilisée pour démystifier le virus, développer des traitements et des vaccins, et proposer les meilleurs moyens pour éviter la propagation. Les gouvernements, les journalistes, le grand public, tous se sont tournés vers les scientifiques pour mieux comprendre la situation : parce que la science leur inspire confiance.

C’est d’ailleurs un constat clair qui se dégage de deux sondages réalisés par la firme SOM pour le compte des Fonds de recherche du Québec (FRQ). Menés en décembre 2019 et en juillet 2020, ces sondages dressaient un état du niveau de confiance et d’intérêt de la population québécoise envers les sciences ; le sondage de juillet donnait aussi l’occasion de vérifier l’effet de la pandémie sur ces variables.

En juillet 2020, 84 % des répondants et répondantes au sondage disaient avoir très ou assez confiance dans les sciences, alors qu’ils étaient 81 % en décembre 2019. Les controverses, rapportées par les grands médias, mais qui font partie de la démarche scientifique, n’ont pas ébranlé la confiance du public, loin de là. Est-ce qu’une plus grande présence de nos scientifiques dans la sphère publique renforcerait ce niveau de confiance ? Je le crois.

Chose certaine, 82 % des répondants au sondage mené en décembre 2019 pensent que les scientifiques ne sont pas assez présents dans les grands médias ou les médias sociaux, et la quasi-totalité d’entre eux (93 %) juge qu’ils devraient communiquer davantage leurs travaux auprès du grand public.

Le Québec a la chance de pouvoir compter sur des journalistes scientifiques qui font un remarquable travail de vulgarisation et de diffusion d’informations. Néanmoins, une présence accrue des scientifiques dans la sphère publique pourrait être un contrepoids à la désinformation et aux fausses nouvelles qui circulent, notamment sur les réseaux sociaux. Être exposé à la science par ceux et celles qui l’exercent peut susciter un plus grand intérêt et une meilleure compréhension du monde scientifique. C’est pourquoi j’encourage les chercheurs à communiquer davantage avec le grand public à propos de leurs travaux, leurs résultats de recherche, la démarche scientifique, etc. Le programme DIALOGUE des FRQ offre justement à la communauté scientifique cette possibilité de communication et d’interaction avec le grand public.

Participer à un projet de recherche

Une autre façon d’accroître l’intérêt de la population envers les sciences est de lui permettre de participer concrètement à un projet de recherche. Ainsi, dans le sondage de juillet, nous avons évalué le niveau de connaissance et d’intérêt envers les sciences participatives. Si, à la lumière des résultats, on constate qu’elles sont peu connues du public, lorsqu’expliquées, cinq répondants sur dix y voient un intérêt d’y participer, dans le but notamment de contribuer au bien-être de la planète et de ses habitants. Convaincus que l’engagement citoyen en recherche offre de nombreux bénéfices, les FRQ ont lancé le programme ENGAGEMENT pour inciter des personnes à s’engager dans une initiative de recherche.

Plusieurs ont d’ailleurs mis la main à la pâte au printemps dernier avec le programme Des oiseaux à la maison, qui a connu un formidable succès.

Lancé par l’organisme QuébecOiseaux avec le soutien des FRQ, ce programme invitait la population à découvrir les oiseaux dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Il a permis à 800 personnes de toutes les régions de découvrir la façon dont la science se construit, sur la base d’observations rigoureuses et contre-vérifiées par des pairs, mais aussi la façon dont on peut interpréter et utiliser toutes ces données. C’est un bel apprentissage issu de la pandémie qui dénote un réel engouement pour la science – et pour les oiseaux !

L’art s’avère aussi une magnifique porte d’entrée vers la science, une façon de s’en approcher afin de mieux la comprendre et l’appréhender. C’est d’ailleurs tout l’intérêt du soutien offert par les FRQ au mouvement #CovidartQc qui permettra à des artistes de sept municipalités de produire des œuvres d’art urbaines, en collaboration avec des scientifiques et la population locale, sur la COVID-19 et les questions soulevées par la pandémie.

Au plus fort de la crise sanitaire, le premier ministre Legault a mentionné à plusieurs reprises qu’il s’appuyait sur les avis scientifiques de la Santé publique dans sa prise de décision ; neuf répondants sur dix au sondage de juillet croient que c’est la bonne chose à faire. Même avant la pandémie, avec le sondage de décembre, on voyait qu’ils étaient tout aussi nombreux à être d’avis que nos dirigeants gouvernementaux doivent tenir compte de l’expertise scientifique dans leur prise de décision. Notons également que 95 % des répondants aux deux sondages sont totalement ou plutôt d’accord avec l’affirmation que les sciences peuvent contribuer à relever les grands défis de société auxquels nous faisons face, comme le vieillissement de la population, les changements climatiques, voire une prochaine pandémie…

On le voit bien, on peut s’appuyer sur la science en toutes circonstances. L’ultime solution à la pandémie, les vaccins, viendra de laboratoires de recherche. La relance économique post-pandémie aura également besoin de la recherche pour se relever de cette expérience collective exceptionnelle.

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