Voilà déjà plus de six mois que les professionnels de la santé de partout au pays travaillent sans relâche pour lutter contre la COVID-19. À la veille du discours du Trône, nous sommes alors en droit de nous attendre à des solutions concrètes pour régler des problèmes qui durent depuis plusieurs années dans nos systèmes de santé.

En tant qu’association représentant des médecins de partout au pays, nous formulons donc aujourd’hui trois revendications qui, à notre sens, doivent constituer les grandes priorités du gouvernement fédéral en matière de santé. Car oui, comme nous l’avons vu avec l’alliance historique Québec-Ontario, le fédéral a un rôle à jouer en santé.

D’abord, nous avons tous été les malheureux témoins des ravages disproportionnés de la COVID-19 auprès de certains groupes. Les soins insuffisants donnés aux aînés et aux résidants des centres de soins de longue durée laissent une trace honteuse et douloureuse sur notre bilan national.

Force est de constater que le système ne répond plus aux besoins de notre population vieillissante, et ce, depuis trop longtemps.

Nous revendiquons donc un montant supplémentaire au Transfert canadien en matière de santé (TCS), qui serait établi en fonction des facteurs démographiques, et la mise sur pied d’une allocation pour aînés et proches aidants, qui soutiendrait directement les aînés et ceux qui s’en occupent. Ne faisons plus la sourde oreille quant aux besoins criants de nos aînés, et garantissons-leur une fois pour toutes de meilleurs soins.

Appuyer les soins virtuels

S’il y a bien une chose que la COVID-19 aura permise, c’est un progrès monumental par rapport à l’adoption de la télémédecine. Dire qu’il a fallu une pandémie pour provoquer une révolution en santé virtuelle au Canada ! En faisant tout en son pouvoir pour arriver à consulter un médecin en période d’isolement, la population a prouvé la nécessité des soins virtuels. Et le taux de satisfaction de 91 % des Canadiens à l’égard de la télémédecine révèle que celle-ci est là pour de bon. D’ailleurs, l’investissement fédéral de 240 millions de dollars témoigne aussi de cette tendance, et nous nous en réjouissons. Il n’en demeure pas moins que pour poursuivre dans la bonne direction, le gouvernement fédéral doit reconnaître et appuyer l’adoption des soins virtuels, tout en veillant à l’équité dans l’accès à ces services. En ce sens, nous recommandons fortement de créer une banque de savoir en santé numérique et d’accélérer l’expansion des services internet haute vitesse à toute la population canadienne.

Finalement, ce n’est qu’en investissant massivement dans les soins de santé que l’on peut espérer voir une amélioration. Les longs délais d’attente étouffent les systèmes de santé depuis belle lurette. C’était un problème chronique avant l’arrivée de la COVID-19, et pour beaucoup trop de personnes, c’en est devenu tragique. Au début de la pandémie, et c’était une nécessité, un bon nombre de services de santé ont été interrompus, de façon à concentrer tous les efforts à contrôler le virus. Désormais, alors que les services réguliers reprennent, les systèmes de santé doivent se débrouiller avec l’explosion des délais, adopter de nouvelles orientations pour maintenir la distanciation physique, augmenter leurs effectifs, et implanter des changements aux infrastructures. Nous en sommes donc au point critique où nous devons à tout prix renforcer nos systèmes pour que tous les citoyens soient assurés qu’ils ont les moyens et la volonté de les soigner.

Ce faisant, la création d’un fonds d’innovation en soins de santé permettrait la relance des systèmes de santé, le rattrapage du retard accumulé, et le retour au premier plan des soins primaires, qui constituent l’épine dorsale du système.

La fenêtre d’opportunité qui nous permettrait d’accélérer la mise en place de solutions aux problèmes du système est courte. L’urgence prend le visage des patients de demain. Le gouvernement fédéral a l’occasion de saisir la balle au bond et d’intégrer des mesures phares qui amélioreront pour de bon les soins de santé et le bien-être de sa population, et ce partout au pays. N’oublions jamais que la santé de l’économie est impossible sans la santé de la population.

* Signataires : Sandy Buchman, médecin et ancien président de l’Association médicale canadienne ; Katharine Smart, médecin et aspirante présidente désignée de l’Association médicale canadienne pour le Yukon

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