En tant qu’enseignant et père de deux jeunes enfants, j’ai été surpris de constater les ratés de la rentrée scolaire 2020.

C’est à se demander ce qu’a fait le ministre Jean-François Roberge lors des trois derniers mois. L’occasion était belle de proposer des mesures qui auraient rassuré parents et enseignants. Il me semble que la distribution dans les écoles de la province de centaines de milliers de masques transparents, afin que l’enseignant puisse lire les expressions faciales des enfants, aurait été un bon point de départ. Je suis conscient que le port du masque varie selon l’âge des enfants et qu’il a fait l’objet de bien des errements, mais il aurait pu symboliser une attention particulière accordée aux écoliers, une démarche éducative qui s’inscrirait dans le temps. Une annonce à l’échelle de la province aurait pu donner un élan collectif à cette directive. Qu’avions-nous à perdre d’essayer ?

J’ai toujours l’impression que la CAQ se retranche dans un espace-temps qui est composé d’un côté de la métaphore éculée de la construction de l’avion en plein vol et de l’autre d’une éventuelle fin de la pandémie.

Le premier pôle est facile à comprendre. On parle essentiellement d’essais et d’erreurs ; c’est en quelque sorte notre présent, notre actualité qui absout le gouvernement en place. Le second pôle est plus délicat à cerner. La fin, que signifie-t-elle exactement ? C’est un peu notre inactualité. Elle coïnciderait dans l’imaginaire collectif avec la découverte d’un providentiel vaccin qui marquerait l’arrêt brutal des mesures extraordinaires d’hygiène prises jusqu’à présent. On n’en connaît ni le moment ni la teneur exacte.

Suis-je cependant censé croire qu’au sortir d’une crise sanitaire d’une telle ampleur, nous allons revenir à une vie normale, sans masques et sans distanciation ? Difficile de l’affirmer catégoriquement, puisque cette fin est à venir. Mais j’ai des réserves. Et s’il n’y avait pas de fin au sens d’un retour à ce que nous avions connu avant ? N’y a-t-il pas certains avantages à instiller dès à présent le port du masque chez nos enfants parce que rien ne prouve hors de tout doute qu’il ne sera plus qu’une relique dans quelques années, mais bien un accessoire omniprésent dans leur quotidien ? Quand un système de santé est aussi lourd et fragile, tout repose sur le comportement des individus. Pour moi, c’est un autre rendez-vous raté de M. Roberge. Le masque n’est-il pas déjà obligatoire dans les avions ? Ne fait-il pas déjà partie de nos vies dans les lieux clos, ici, et même à l’extérieur, ailleurs, à Paris intra-muros notamment, et au Japon bien avant tout le monde ?

Est-ce vraiment faire violence à nos enfants que de leur demander de se laver les mains plus souvent et de porter un masque ? Ce virus, on le combat avec des moyens rudimentaires : de l’eau, du savon, un bout de tissu et une socialisation anémique.

Pourquoi ne pas avoir réuni cette combinaison gagnante dès la rentrée ? Peut-être que si nous l’avions fait, les écoles seraient restées ouvertes plus longtemps, et si elles étaient restées ouvertes plus longtemps, nos enfants auraient pu assister à des cours de science où ils auraient appris que la terre n’est pas plate et que les vaccins fonctionnent, ce qui aurait éliminé des débats qui font encore rage en 2020 !

Nous n’aurions pas eu à les voir arpenter les rues de Montréal, brandissant le drapeau d’un pays qui n’est pas le leur et souhaiter la réélection d’un individu qui comprend peu la science parce qu’il est persuadé qu’un vaccin sera prêt le jour du vote. Si on raille les partis de gauche parce qu’ils insistent lourdement sur la prévention et si l’on se méfie des partis de droite parce qu’ils ont la sanction facile, je me demande où se situe la CAQ aujourd’hui.

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