Comme d’autres grandes villes du monde, Montréal peine à se relever d’une pandémie qui a laissé derrière elle des centaines de milliers de morts, des centres-villes désertés et des économies chancelantes. Alors que la COVID-19 nous menace encore, nous faisons face au double défi de juguler la crise sanitaire et économique, mais aussi de penser la relance. Revenir à la « normale » ne sera pas seulement insuffisant, ce sera impossible.

Le Grand Montréal fait partie des métropoles qui ont été les plus affectées dans le monde, avec une surmortalité comparable à celles de Paris et de Londres, et plus élevée que celles de Bruxelles ou de Milan. Seules quelques villes comme Madrid ou New York ont été frappées plus durement, et notre ville a été de loin la plus endeuillée au Canada. Ce constat difficile doit être suivi d’un appel à l’action. Montréal se relèvera, mais pour y arriver, elle devra compter sur la mobilisation de ses leaders.

La COVID-19 a révélé au grand jour les fractures sociales et la discrimination systémique qui persistent dans notre ville. Comme cela a été observé ailleurs dans le monde, les Montréalais issus de la diversité ou économiquement défavorisés ont été frappés de manière disproportionnée par la pandémie. On a appris récemment que les taux de cas de COVID-19 étaient trois fois plus élevés dans les quartiers où la population noire est plus importante. Ce n’est pas le fruit du hasard.

Les Signes vitaux du Grand Montréal, une étude publiée par la Fondation du Grand Montréal (FGM) qui mesure les progrès de notre ville vers l’atteinte des objectifs de développement durable de l’ONU, a rappelé en juin que 15 % des Montréalais vivent de l’insécurité alimentaire, et ce, même si les deux tiers de ces personnes occupent un emploi. Montréal demeure la capitale de la pauvreté chez les enfants au Québec. Des indicateurs comme la congestion routière et l’étalement urbain, ou encore les écarts de richesse entre les mieux nantis et les plus pauvres, ne se sont pas améliorés en 20 ans. D’autres, comme les taux de crimes violents envers les femmes, ont même empiré. Tout cela pendant que le PIB par habitant à Montréal augmentait de plus de 15 %, que la ville vivait un boom immobilier et que le taux de chômage tombait sous la barre des 6 %. Des dizaines de milliers de Montréalais luttent encore chaque jour simplement pour garder la tête hors de l’eau. Cela doit changer.

Notre Titanic a frappé un iceberg. Mais le problème n’est pas en soi l’inévitable collision que nous avons vécue au printemps, mais plutôt le fait que nos passagers de deuxième et troisième classes n’ont pas eu accès à des radeaux de sauvetage.

Vu du pont supérieur, du haut des tours de bureaux du centre-ville, les 20 dernières années ont été fastes. Mais en dessous, dans les cabines de la cale, dans nos quartiers défavorisés, la peur de sombrer demeure bien présente. La COVID-19 nous a rappelé que, comme sur le Titanic, nous ne sommes pas tous égaux.

C’est pourquoi, en 2020, le milieu philanthropique montréalais s’est mobilisé comme jamais auparavant. Les fondations Molson, Saputo, Trottier et Jarislowsky se sont mobilisées pour aider les quartiers les plus touchés à se relever et à prévenir une deuxième vague. D’autres comme Centraide ou la FGM ont débloqué des sommes historiques avec l’appui du gouvernement fédéral pour soutenir notre tissu communautaire. Cette mobilisation devra se poursuivre dans les prochaines années, et nous servir de tremplin pour faire mieux.

Au sortir de la pandémie, un retour à la « normale » ne sera pas suffisant. Le milieu philanthropique doit s’investir et utiliser son influence pour redresser les inégalités sociales, les vulnérabilités environnementales et la discrimination systémique qui excluent trop de Montréalais. C’est pourquoi la FGM mobilisera ses ressources pour appuyer une relance sociale et communautaire inclusive, combattre le racisme systémique, contribuer à la réconciliation avec les autochtones et accélérer la transition écologique et la lutte et l’adaptation aux changements climatiques.

D’autres chocs, qu’ils soient économiques, financiers ou sociaux, viendront mettre à l’épreuve notre résilience dans les prochaines années, avec au premier chef la crise climatique. La pandémie nous a fait mal, mais la mobilisation qu’elle a suscitée nous permet d’envisager une relance inclusive, une communauté résiliente et l’accélération de la transition écologique. Montréal va se relever, n’en doutons pas. Notre ville a une énergie et une créativité inépuisables. C’est à ses leaders, maintenant, d’agir pour ne plus laisser personne derrière.

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