Nous étions en 2013. Depuis six ans déjà, des citoyens engagés souhaitaient la création d’une aire protégée dans les monts Chic-Chocs du secteur de la Réserve faunique de Matane.

C’est dans le cadre d’une consultation publique sur la proposition de territoires d’intérêt pour la création d’aires protégées au Bas-Saint-Laurent qu’ils ont finalement pu déposer un mémoire expliquant la nécessité de protéger ce territoire. Là où les caribous résident. Là où les vieilles forêts sont si riches. Les appuis n’ont pas tardé à venir : la Réserve faunique de Matane (SEPAQ), la MRC de la Matanie et de nombreux chercheurs, par exemple, ont rapidement joint leurs voix pour demander la protection de ce joyau naturel. Malgré ce large consensus dans la région, le dossier est toujours au même endroit : sur la table, pas du tout classé.

Nous étions en 2018. Dans une lettre destinée aux élus, le Comité de protection des monts Chic-Chocs a résumé les retombées positives de la mise en place d’une aire protégée dans ce secteur : conservation de la biodiversité, création d’occasions de développement régional entre autres au moyen d’activités récréotouristiques variées, aide dans la lutte contre les changements climatiques, puis protection de vieilles forêts permettant de garder les cours d’eau sains, de réduire les inondations et de maintenir des sources de saumon précieuses pour la région. Malgré l’ensemble de ces bénéfices, cette aire protégée n’existe toujours pas.

Nous sommes maintenant en 2020. Les cibles de conservation établies par le Québec ne sont toujours pas atteintes.

Alors que le gouvernement nous avait promis la protection de 17 % du territoire terrestre québécois pour 2020, nous n’en avons que 10 %. La Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) est pourtant bien claire : les projets d’aires protégées au Québec comme celui des monts Chic-Chocs sont nombreux et pourraient être rapidement mis en place.

Face à la pandémie, 2020 nous démontre plus que jamais à quel point la santé est cruciale. Cependant, même si de nombreuses études montrent l’importance de la protection de l’environnement pour la santé, la nature tarde à être reconnue comme étant essentielle lorsque l’on aborde les enjeux sanitaires.

Par exemple, alors que les liens unissant les aires protégées et la santé étaient déjà largement étudiés, la santé ne faisait pas partie de la liste des bénéfices attribués aux aires protégées par le gouvernement du Québec.

Aujourd’hui, cependant, 200 professionnels et étudiants de la santé et des services sociaux reconnaissent l’importance de la protection des monts Chic-Chocs et demandent leur protection. Ce territoire, par ses caractéristiques naturelles exceptionnelles et sa proximité avec des milieux de vie humains, serait un très bon ajout à la superficie des aires protégées accessibles.

Pour garantir leurs bienfaits, les Chic-Chocs doivent être préservés des impacts des activités industrielles. Depuis 13 ans, biologistes, écologistes, chercheurs, professionnels de la santé, élus régionaux et citoyens le demandent. Cette année, le gouvernement doit répondre à cet appel de la population et protéger une des merveilles de notre territoire, les Chic-Chocs.

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