À travers les montagnes russes des derniers mois, on peut dire que la pandémie aura poussé les communautés de partout au Québec à redoubler d’audace pour tenter de créer des lieux communs combinant distanciation physique et une ambiance d’achat favorable aux commerçants. L’avenir nous dira lesquelles de ces expériences seront adoptées par la population et pérennisées.

Dans quelques semaines, tous ces projets pilotes seront ensevelis sous l’hiver. Comme il est estimé par les autorités qu’une deuxième vague de la pandémie est encore hautement probable, il est plus que temps de se poser des questions sérieuses sur la manière dont nous vivrons le prochain hiver, d’autant plus qu’il pourrait être impossible de s’exiler vers les Punta Cana de ce monde.

Cet hiver, nous devrons l’affronter, nous y acclimater, l’apprivoiser. Pour notre santé mentale, pour les commerçants, pour célébrer cet élément identitaire inclusif et rempli de potentiels inexploités.

Le temps d’apprendre à vivre dans l’hiver

Et si on se donnait le défi d’apprendre à aimer l’hiver, de jouer avec lui, de le laisser être parmi nous ? Dans les grandes villes du Québec, c’est à travers les grands évènements que nous le vivons, que nous le mettons en spectacle.

Cette année, nous devrons miser sur un hiver de proximité, en toute simplicité, au cœur de nos voisinages.

Dans cette optique, une stratégie simple et efficace, adaptée à un hiver qui arrive très rapidement, pourrait être mise de l’avant. Cette stratégie pourrait intégrer certains des points suivants :

1. L’action citoyenne

L’hiver donne l’occasion à tous et à toutes de s’approprier l’espace public, de le former, d’y entretenir des patinoires et des buttes. Pourrait-on alléger certaines règles pour donner les moyens aux citoyens de créer de petits pôles de voisinage ? Par exemple, de petits foyers collectifs pourraient être permis dans les ruelles, à la condition qu’il n’y ait pas de plainte de la part d’une personne ayant des problèmes pulmonaires.

2. L’activation des parcs de proximité

Les parcs de quartier n’ayant pas de patinoire sont presque désertés pendant l’hiver. Pourtant, c’est dans ces endroits que l’on retrouve des infrastructures récréatives et de la belle neige. Les expériences du Laboratoire de l’hiver démontrent que la mise en place de lumières et d’une simple butte créée à partir de la neige propre du parc peut amorcer une appropriation citoyenne de celui-ci.

3. Des glissades à moins de 5 minutes de marche

La glissade est de loin l’activité hivernale la plus populaire et inclusive. Elle est également la mieux adaptée aux aléas de l’hiver montréalais.

4. La création de pôles hivernaux de proximité

Pour les secteurs de la ville en manque de parcs de proximité, des pôles de voisinage pourraient être créés en évitant de déneiger de petits tronçons de rue pour y déployer des stratégies similaires à celles des parcs de proximité.

5. Un programme de terrasses hivernales sur les rues commerçantes

Être immobile dehors jusqu’à -10 degrés ? C’est possible en s’assurant d’avoir une bonne orientation par rapport au soleil, en bloquant les vents et en utilisant un chauffage d’appoint, des couvertures et de bons vêtements. Il faudra tenir compte des pratiques de déneigement.

6. L’amplification des patinoires

Jouer au hockey pourrait ne pas être permis en cas de seconde vague, mais les patinoires sont des ancrages incontournables de pôles hivernaux d’arrondissement. Pourrait-on penser à un parcours glacé dans un grand parc illuminé et agrémenté d’installations artistiques suspendues pour faciliter l’entretien ? Et pourquoi ne pas compléter la patinoire par une offre d’activités complémentaires de kiosques à chocolat chaud et de zones de confort ?

7. Des installations lumineuses ludiques, dès le mois de novembre

Le manque de lumière se fait sentir tôt au mois novembre. C’est aussi une excellente manière d’aborder l’instabilité de l’hiver montréalais.

8. La prolongation des marchés de Noël pour en faire des marchés d’hiver

Les commerces indépendants et locaux y seraient privilégiés.

9. Une campagne de promotion du vélo d’hiver

Les limites mentales à la pratique du vélo d’hiver sont beaucoup plus importantes que les contraintes réelles vécues par ses praticiens. Des pneus à clous, des lumières, des garde-sloches, de bons vêtements, et c’est parti ! En bonus, vous n’aurez jamais froid et les flaques de sloche ne vous feront plus peur.

10. La création de cocktails chauds bien de chez nous

Admettons-le, le vin chaud, ce n’est pas pour tout le monde. Heureusement, il y a mille et une manières d’aborder un cocktail d’hiver. Imaginez-vous avec une tasse en céramique bien chaude entre les mitaines. C’est ce que les Danois nomment « Hygge ».

Cet hiver sera particulier et la solution à l’isolement passera par la conception d’une multitude de petits lieux que l’on aura envie de fréquenter malgré le froid. Dès maintenant, achetons de bonnes bottes et un manteau approprié dans nos commerces de proximité, car espérons que le prochain hiver puisse être l’un des lieux où nous pourrons créer de la chaleur humaine.

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