Oh, combien j’aspire à cette exaltation familière des préparatifs de la rentrée des classes ! Les nouveaux enseignants, les anciens camarades, un endroit où les enfants se retrouvent pour apprendre et s’épanouir… Après tout, nous savons combien l’éducation est valorisée dans notre société ; combien il est important pour les enfants de passer leurs journées à parfaire leur esprit dans un environnement sécuritaire. Pourtant, le Québec s’apprête à faire subir à des milliers d’enfants et à leur famille une expérience qui, si elle ne fonctionne pas, en exposera plus d’un à un virus que nous avons passé des mois à tenter d’éviter avec diligence.

Comment les parents doivent-ils interpréter le fait que la distanciation physique et le port du masque qui ont été au cœur de notre existence tout l’été soient dorénavant jugés inutiles dans les salles de classe bondées d’écoles mal aérées ? Notre ministre de l’Éducation considère-t-il les parents d’enfants d’âge scolaire si naïfs que la mise en place d’un plan de rentrée contraire à tout ce qu’on nous a inculqué depuis mars puisse être acceptable ? Comment le gouvernement ose-t-il coincer les parents et les familles entre l’arbre et l’écorce ?

Dans un même temps, nous apprenons que la rentrée des classes est obligatoire et on nous informe que nos enfants passeront leurs journées dans des salles de classe en l’absence de toutes précautions liées à la COVID-19. Est-ce une plaisanterie malsaine (sans mauvais jeu de mots) ? Quel peu d’estime a notre gouvernement pour les enfants et les familles, et combien il semble déconnecté des préoccupations liées à la santé mentale si c’est tout ce qu’il a à proposer...

Ne vous méprenez pas ! Je ne remets pas en question le retour des enfants sur les bancs d’école. Ils ont incontestablement besoin d’apprendre et d’interagir avec leurs camarades, alors que bon nombre de parents doivent reprendre le chemin du travail.

Évidemment, la situation est sans précédent et complexe, sans solutions faciles, et aucun plan ne saura satisfaire tout le monde. Est-ce toutefois ce que nous avons de mieux à offrir ? Cette idée d’envoyer les enfants et les familles dans la ligne de mire d’un virus dont on n’a pas encore découvert tous les mystères ?

Chaque semaine, nous en apprenons un peu plus sur la COVID-19. Nous découvrons sans cesse que de nouveaux détails qui semblaient anodins sont finalement plutôt importants. Adhérer à ce que nous savons jusqu’à maintenant est tout ce que nous pouvons faire pour l’instant. Sur l’ensemble du territoire de la province, pour toute activité publique intérieure, il faut porter le masque, garder ses distances et se laver les mains. En fait, les parents doivent respecter ces règles pour aller acheter des fournitures scolaires.

Pourtant, dans deux semaines, ces mêmes parents devront envoyer leurs enfants dans des édifices publics bondés où ces derniers passeront la plus grande partie de la journée dans des salles de classe sans devoir prendre aucune de ces précautions.

On ne peut qu’espérer que le ministre responsable de la santé mentale du Québec prendra mieux soin de ses citoyens que celui de l’Éducation puisque ce plan de rentrée en éducation a tous les éléments nécessaires pour entraîner les familles dans une spirale de désespoir et d’anxiété que personne ne devrait avoir à affronter, surtout avec l’approche d’une possible deuxième vague. Ce plan déplorable témoigne d’un mépris à l’égard des enfants, des familles, des enseignants et de l’éducation en général. Pourtant, le 31 août, des milliers de citoyens à travers le Québec n’auront d’autre choix que de se retrouver dans ce gâchis les mains liées, en retenant leur souffle (peut-être littéralement), en attendant que le destin suive son cours.

Contrairement à ce qu’on nous répète depuis des mois, nous ne sommes pas « tous ensemble ». Nous, les familles d’enfants d’âge scolaire, de même que les enseignants et le personnel scolaire, devrons courir le risque tous seuls. Souhaitez-nous bonne chance !

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