À l’heure où l’organisation We Charity (UNIS) est entraînée dans une controverse politique, alors que la tragédie de Beyrouth émeut le monde déjà frappé par la pandémie, les organismes d’entraide et de charité sont projetés à l’avant-scène : ils suscitent de l’espoir chez ceux qui sont éprouvés et soulèvent parfois des questions chez ceux qui font le geste de donner. Qu’en est-il au Québec ?

Ici, nous voyons un élan de générosité qui reflète à la fois la solidarité des citoyens et la confiance dans les organismes d’entraide. Depuis le début de 2020, 71 % des Québécois ont fait au moins un don pour des causes sociales, communautaires ou humanitaires, le don moyen étant de 189 $ ; 78 % des Québécois disent par ailleurs avoir l’intention de faire un don ou un autre don dans les six prochains mois (et on peut avancer que cette proportion augmentera, considérant les liens étroits entre le Québec et le Liban). Ces données sont tirées d’un sondage Léger réalisé en juillet dernier pour l’Institut Mallet. Notre organisation, fondée en 2011, a pour mission de promouvoir l’action philanthropique et l’engagement citoyen.

Nous avons voulu sonder les Québécois pour voir comment la pandémie influençait la philanthropie. Les Québécois allaient-ils retenir leurs dons en pensant d’abord à leur propre sécurité, ou au contraire faire montre d’une générosité accrue pour amortir le choc chez leurs concitoyens plus vulnérables ? Nos données montrent que les Québécois ont répondu par la générosité, conscients des énormes besoins et de l’importance de leur soutien aux organismes philanthropiques.

Une crise multidimensionnelle

La pandémie a provoqué une crise aux conséquences économiques, sociales et psychologiques. Se relever sera difficile. Les gouvernements, sollicités de toutes parts, répondront avec des mesures d’application générale aussi essentielles qu’imparfaites. Il faudra se serrer les coudes pour répondre localement à tous les besoins. Les Québécois comprennent cette responsabilité partagée. Les répondants à notre sondage ont des attentes élevées envers les gouvernements, évidemment, mais aussi envers les organismes de charité, les entreprises et les citoyens eux-mêmes.

Pour que l’entraide puisse prendre le relais de l’État, les citoyens doivent d’abord être conscients des besoins qui subsistent dans leurs milieux et avoir confiance que les organismes locaux sauront gérer les dons de manière éthique pour ensuite intervenir avec pertinence.

Or, le précieux lien de confiance entre les Québécois et les organismes de charité semble tenir bon. C’est de bon augure !

Dons en argent en hausse, organismes à bout de souffle

Depuis le début de l’année, les dons des particuliers sont en hausse. Ce n’est toutefois qu’une partie de la réalité, car il y a aussi un immense manque à gagner. Pensons à tous ces évènements d’entreprises, ces tours cyclistes, ces bals, ces soirées-bénéfice, essentiels au bon fonctionnement des organismes philanthropiques, qui ont été annulés à cause de la pandémie. Nombre d’organismes se retrouvent dans une situation précaire face à des besoins en forte hausse tandis que leurs bénévoles et leurs équipes sont à bout de souffle.

Les Québécois semblent prêts à donner et conscients de l’importance de le faire. Mais il faudra donner encore plus et encore plus souvent alors que se profile la crise économique. Dans les mois et les années à venir, les milliers d’organismes communautaires, qui interviennent de façon ciblée et locale pour soulager les multiples facettes de la souffrance, seront plus essentiels que jamais. L’État ne peut pas tout faire. Mais lorsqu’il joue bien son rôle et que les citoyens prennent le relais localement, nous sommes capables de ne laisser personne derrière et même d’exprimer notre solidarité avec d’autres communautés éprouvées ailleurs dans le monde.

Soyons tous de plus en plus philanthropes !

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