L’agression d’au moins trois journalistes lors de manifestations contre le port du masque obligatoire, la fin de semaine dernière, et les menaces qui ont suivi sur les réseaux sociaux sont hautement préoccupantes et nécessitent une réaction ferme de la part des autorités.

La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) joint sa voix à d’autres qui ont décrié les évènements, notamment la vice-première ministre du Québec, Geneviève Guilbault, qui les considère inacceptables.

Les journalistes qui couvrent un évènement le font pour informer le public. Les injurier, les intimider, les agresser ou les empêcher de faire leur travail, de quelque façon que ce soit, prive non seulement le public de l’information à laquelle il a droit, mais brime également la liberté de la presse, un principe fondamental de toute société démocratique.

Sans presse libre pour informer le public, la démocratie s’érode et c’est toute la société qui perd ses droits les plus fondamentaux.

La FPJQ estime que les autorités policières doivent faire la lumière sur ces incidents et doivent porter des accusations contre leurs auteurs. Les sanctions à appliquer contre l’homme arrêté pour menaces envers Kariane Bourassa ou toute autre personne qui se rendrait coupable des mêmes gestes devront envoyer à la société un message clair : l’intimidation envers les journalistes est intolérable et doit cesser.

Que ce soient les invectives et la canette de bière lancées au reporter de TVA Yves Poirier, le contact physique non désiré à l’endroit de sa collègue Kariane Bourassa, les insultes répétées au reporter de Radio-Canada Hadi Hassin ou les menaces proférées en ligne à leur endroit, il s’agit de comportements indignes d’une société comme la nôtre. Indignes et, dans les circonstances actuelles, dangereux. En effet, en s’approchant de Kariane Bourassa sans masque et en la touchant alors que la COVID-19 continue de circuler, ces individus lui ont fait craindre pour sa santé et celle de son caméraman.

Les femmes journalistes, d’ailleurs, sont plus souvent visées par des agressions physiques ou à caractère sexuel. Comme le dénonçait elle-même Kariane Bourassa, « un câlin non désiré n’est pas moins pire qu’une insulte ou des menaces. Les femmes journalistes ne devraient pas avoir à faire leur travail en regardant constamment par-dessus leur épaule pour voir si quelqu’un va entrer dans leur bulle. » On se souvient, notamment, de l’agression visant Valérie-Micaela Bain, journaliste à Radio-Canada : un individu s’était approché d’elle alors qu’elle couvrait le festival Osheaga, à Montréal en 2017, et avait tenté de l’embrasser. On a vu, également, l’émergence de phénomènes ayant pour but d’inciter la gens à crier des insultes obscènes et sexistes (« F* ck her right in the pussy ») au micro de journalistes lors de couvertures en direct.

Agressions, intimidation, insultes : ces gestes se sont multipliés au cours des dernières années et la pandémie n’a rien arrangé.

Plusieurs journalistes ont été insultés simplement parce qu’ils posaient des questions lors des points de presse quotidiens des autorités au printemps dernier. Il convient de rappeler ce qui est pourtant une évidence : les journalistes ne sont pas les courroies de transmission de qui que ce soit. Ils vérifient, questionnent, doutent, remettent en question. Autant le discours des autorités que celui de manifestants. Les empêcher de le faire, c’est s’empêcher, comme société, de voir les deux côtés d’une médaille.

Il existe une multitude de façons respectueuses de critiquer le travail des médias pour qui estime qu’il est mal fait ; la violence n’en est pas une. Les gens qui justifient leurs actions violentes envers les médias en se disant victimes d’un grand complot visant à brimer leur liberté sont des agresseurs. La société doit les traiter comme tels.

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