Beaucoup de choses ont été dites et écrites au cours des derniers jours à propos de la décision du conseil d’administration du Musée des beaux-arts de Montréal de mettre fin au contrat de Nathalie Bondil comme directrice générale et conservatrice en chef. Nous sommes d’avis qu’il faut maintenant tourner la page et regarder vers l’avenir. Mais avant, nous tenons tout de même à remettre certaines pendules à l’heure.

En prenant une telle décision, le conseil d’administration était pleinement conscient du tollé que cela allait susciter. La réaction forte et émotive en faveur de Mme Bondil était prévisible et, jusqu’à un certain point, tout à fait normale. Les succès remportés par le Musée depuis son entrée en poste et le positionnement plus qu’enviable de l’institution sur l’échiquier mondial des grands musées sont en grande partie liés à l’énorme talent de Mme Bondil. C’est indéniable et nous le reconnaissons tous.

Toutefois, le conseil ne pouvait faire abstraction des constats du rapport préparé par une firme indépendante spécialisée en gestion des ressources humaines qu’il avait mandatée.

Ces constats, en ligne directe avec plusieurs témoignages d’employés rapportés antérieurement par le syndicat, visaient notamment le style de gestion de Mme Bondil ainsi que la détérioration du climat de travail à l’intérieur des murs du Musée.

Par son déni de plusieurs conclusions du rapport, son inflexibilité et son refus d’implanter adéquatement certaines de ses recommandations, Mme Bondil ne nous a guère laissé le choix malgré nos nombreuses tentatives d’en arriver à une solution. Bien conscient de la controverse que cela susciterait, le conseil a alors pris la décision, dans l’exercice de ses responsabilités fiduciaires, d’aller de l’avant et de mettre fin à son contrat avec la ferme conviction qu’un tel geste était dans les intérêts supérieurs du Musée et de ses employés.

Il est important d’ajouter qu’avant la prise de cette décision, le conseil d’administration a tenté de bonne foi de conclure une entente avec Mme Bondil afin que, pour la dernière année de son contrat, elle puisse continuer à se concentrer sur la programmation et les expositions et ainsi déléguer le reste de ses fonctions à d’autres personnes de manière à organiser une transition qui allait reconnaître sa contribution exceptionnelle au Musée. Mme Bondil a rejeté cette proposition.

Certains ont accusé le conseil de dissimuler les motifs réels du renvoi de Mme Bondil. D’autres ont demandé que le rapport produit par la firme externe soit rendu public – chose d’ailleurs impossible vu les contraintes légales visant à sauvegarder la confidentialité des personnes impliquées. Et d’autres sont allés jusqu’à injustement mettre en doute la compétence et les motifs du conseil d’administration et de son président. Il était difficile de demeurer silencieux et insensibles devant de telles insinuations.

La décision de la ministre de la Culture et des Communications du Québec de confier à une firme indépendante le mandat d’examiner l’encadrement et la supervision de la conduite des affaires du Musée par l’équipe de direction et le conseil d’administration du Musée — que nous saluons — permettra à tous de prendre un peu de recul face au dérapage hautement émotif vécu depuis une semaine.

Le conseil offre ainsi son entière collaboration à la ministre et fournira à cette firme indépendante toutes les informations nécessaires à son travail, dont la divulgation du rapport commandé par le Musée dans toute la mesure où le respect des contraintes légales le permet.

Le Musée des beaux-arts de Montréal célèbre cette année son 160e anniversaire. Il a vu passer les époques et les crises. Il a toujours su rebondir et se renouveler. C’est d’ailleurs par cette capacité de se réinventer périodiquement que l’on peut reconnaître les grandes institutions culturelles dans le monde. Le Musée des beaux-arts de Montréal est incontestablement l’une de ces grandes institutions.

Le processus de recrutement pour trouver la personne qui reprendra la direction du Musée au cours des prochaines années est maintenant enclenché. Cette personne aura l’énorme défi de prendre la relève de quelqu’un qui a énormément donné au Musée des beaux-arts de Montréal. Elle pourra toutefois compter sur une formidable équipe d’employés dévoués qui ont le Musée à cœur et qui en partagent les valeurs au quotidien. Elle pourra également compter sur un conseil d’administration dont le rôle sera de l’épauler afin de lui permettre d’amener le Musée vers de nouveaux sommets.

En attendant, le comité exécutif du conseil appuiera le comité de direction et les équipes du Musée pour veiller à la poursuite des opérations dans les meilleurs intérêts du Musée, de ses employés, de ses membres, de ses donateurs et de ses amis. Il faut dès maintenant aller de l’avant.

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