L’auteure s’adresse au président du conseil d’administration du Musée des beaux-arts de Montréal, Michel de la Chenelière

Monsieur de la Chenelière,

À titre de présidente du conseil d’administration du Musée McCord Stewart à Montréal, j’ai pris connaissance avec désarroi du désaccord entre la direction du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) et son conseil d’administration qui a mené au licenciement de Mme Nathalie Bondil.*

Ce conflit est très évidemment relié à un problème de gouvernance. Ainsi il m’apparaît non seulement curieux, mais inacceptable qu’un poste de direction de la conservation soit imposé à la direction générale qui était soutenue par son comité de direction. Qui plus est, selon un membre de votre conseil, la décision finale s’est prise à huis clos en excluant délibérément la direction générale comme son comité de direction.

Tout comme France Chrétien Desmarais, qui a également une longue expérience des conseils d’administration, je crois que le C.A. du MBAM a empiété sur les responsabilités de la direction générale, reniant ainsi tous les principes de bonne gouvernance. D’ailleurs, il apparaît qu’en tant que président du conseil d’administration, vous vous soyez arrogé le droit de donner des directives à des membres du personnel, lesquels bien sûr se sentent obligés d’obtempérer. Il m’est dit que plusieurs réunions du C.A. et des comités du MBAM ont lieu entièrement à huis clos, sans la présence d’un expert du Musée ni surtout de la direction générale. On a observé aussi un degré d’opacité entre le conseil d’administration et la direction, un manque certain de bonne gouvernance.

Je considère que le problème du MBAM n’était pas sa directrice générale, mais résulte des lacunes dans la gouvernance du Musée que vous présidez.

Soyez assuré que j’ai le plus grand respect pour le rôle du conseil d’administration, et vous comprendrez également qu’en raison de ma longue expérience des C.A., je connais fort bien les principes et les rôles distincts d’un conseil d’administration et d’une direction générale.

Je ne peux que réitérer ma déception face au dénouement de cette crise qui aurait pu être gérée plus efficacement. Je vous suggère humblement d’inviter le président de l’Institut de la gouvernance, Michel Nadeau, à rencontrer les membres de votre conseil afin de bien comprendre le rôle qui vous et leur revient.

Je vous fais cette proposition amicalement, car le MBAM est une institution de grand prestige qui mérite autre chose que ce qu’on lit dans les journaux présentement.

* Lisez « Crise interne au MBAM : Nathalie Bondil rejette l’offre du C.A. »

* Lisez « Le Musée des beaux-arts de Montréal met fin au contrat de Nathalie Bondil »

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