L’épidémie actuelle a mis en lumière le rôle essentiel joué par les préposés aux bénéficiaires, en particulier au sein des établissements de soins destinés aux personnes privées de leur autonomie.

Pour revaloriser cette fonction et pourvoir les 10 000 postes vacants, le gouvernement a lancé un programme ambitieux de recrutement et de formation accélérée assorti d’une augmentation de salaire substantielle. L’appel pressant du premier ministre a été entendu et la réaction a dépassé largement les attentes : en quelques jours, plus de 70 000 inscriptions ont été reçues.

La désignation de cette fonction laisse grandement à désirer sur le plan sémantique comme sur le plan syntaxique. Que signifie-t-elle ? La dénomination préposé, préposée aux bénéficiaires est imprécise et pourrait s’appliquer à n’importe quelle fonction administrative.

Comme le souligne le linguiste réputé Jacques Maurais dans son blogue Linguistiquement correct (27 juin 2020), « le mot préposé fait trop référence au caractère subalterne du poste que l’on tente de valoriser. Ensuite, le mot bénéficiaire est on ne peut plus mal choisi […] ».

En outre, la construction syntaxique de cette désignation est fautive. Un employé est préposé à une fonction, à une tâche et non à une personne (ex. : préposé à l’entretien, à l’accueil, aux renseignements, au vestiaire, au stationnement). Dans Le carnet d’un linguiste (23 juin 2020), le professeur Lionel Meney écrit : « La bonne raison pour non seulement déconseiller, mais condamner l’expression préposé aux bénéficiaires réside dans le fait qu’une personne n’est pas préposée à quelqu’un mais à quelque chose. »

Si l’on tenait au terme préposé, il faudrait plutôt écrire préposé aux soins des patients plutôt qu’aux destinataires des soins.

Dans le Grand Dictionnaire terminologique, le terme privilégié pour rendre cette notion est aide-soignant, aide-soignante. Il est défini ainsi : « Personne qui procure, sous la direction du personnel infirmier, des soins de base aux usagers d’établissements de santé. » Le contexte actuel semble idéal pour remplacer la désignation imprécise et incorrecte de préposé, préposée aux bénéficiaires par celle que privilégie l’Office québécois de la langue française et qui est usitée au sein de la francophonie, soit aide-soignant, aide-soignante.

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