Enfin le déconfinement ! Avez-vous remarqué qu’en période de crise, alors que le confinement était la règle et que la peur de mourir en était la principale motivation, que tous espéraient enfin un changement profond et durable des mentalités sociales ? Nous étions persuadés que cette crise planétaire ferait des miracles, qu’elle ferait de nous de meilleurs humains en nous éveillant sur le plan des valeurs sociales, écologiques et économiques. Finie enfin la surconsommation, apprenons à faire notre pain, aidons notre voisin et mangeons local. Et maintenant, qu’en est-il de nos beaux idéaux ?

Il est clair que la crise que nous venons de passer aura contribué à l’éveil de certains (peut être 10 % ou 15 % de la population). Certains qui, avant même cette crise, étaient déjà sensibilisés au changement. Or, la grande majorité des gens sont en train de retourner paisiblement – et avec entrain – à leurs vieilles habitudes de consommation.

Pour bien des gens, la pandémie est de l’histoire passée, presque déjà oubliée. Cela est normal. Nous sommes tous conditionnés dans nos schémas de vie qui incitent à la consommation. Nous sommes confortables et réconfortés par une réalité claire et nette dans laquelle le sens de la vie se résume à « Je consomme, donc je suis ».

En fait, dans notre société riche et industrialisée, l’estime de soi repose prioritairement sur nos possessions. Aussi, en vieillissant les gens réalisent que seul le plaisir de vivre « à fond de train » revêt un certain sens.

On ne veut pas mourir sans avoir vécu dans la liberté, la joie et le plaisir, et pour cela, nous avons l’impression qu’il faut consommer, beaucoup consommer.

Se payer toutes les envies, pouvoir léguer à nos proches des trésors leur assurant tout le confort qu’ils méritent de nous avoir accompagnés (ou endurés).

À l’inverse, les personnes qui ont l’habitude de s’ouvrir à l’importance de la réalité cachée, immatérielle, celle qui est invisible à l’œil nu, réalisent que la vie ne tient qu’à un fil et qu’elle est précieuse. Ils comprennent l’importance de profiter de ce qu’ils possèdent déjà, de se plaire dans les « petites choses » du quotidien, de vivre des moments heureux. En fait, ces personnes ont compris que tout ce qui rend heureux est loin d’être matériel. Ce qui rend heureux est invisible pour les yeux.

Changeons nos perceptions

Partout à travers le monde, nous déboulonnons les statues et les symboles de notre oppression. Quand déboulonnerons-nous nos conceptions matérialistes qui symbolisent l’atteinte du bonheur ? Sachant qu’il n’y a pas de changement possible sans éveil, et que l’éveil vient toujours du déséquilibre (comme celui engendré par la pandémie), nous ne devrions pas attendre l’arrivée d’un autre « cataclysme » planétaire pour sortir de notre léthargie. Si nous apprenions enfin à nous éveiller et à apprivoiser une réalité toute simple, difficile et fondamentale à la fois, celle de notre mort ?

Si nous devenions plus humbles devant cette vie qui nous dépasse, cette vie plus grande que soi, peut-être arriverions-nous à apaiser notre fantasme d’immortalité et à calmer notre sentiment enfantin d’invincibilité. Ainsi, nos motivations au changement profond s’amorceraient. Car au fond, à quoi sert toute cette activité compulsive de consommation si ce n’est à éviter de prendre conscience de notre fin ?

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