Danielle McCann n’a pas à porter à elle seule le blâme pour l’impréparation et l’hécatombe dans les CHSLD, pas plus que pour toutes les failles en gestion de ressources humaines. En se lançant en politique parce que Gertrude Bourdon déclinait l’offre de la CAQ, elle héritait d’une mission gigantesque.

Elle a su d’abord et avant tout adopter un ton conciliant et rassurant, ce qui était un contraste apaisant par rapport aux coups de gueule de son prédécesseur. Il y a eu impréparation des CHSLD, une perpétuation de la tendance hospitalocentriste, certes, mais aucun expert, notamment au sein de la direction nationale de la santé publique, ne tenait sérieusement compte de l’hypothèse confirmée, et ce, dès la fin du mois de janvier 2020, que des personnes asymptomatiques pouvaient transmettre à leur insu le coronavirus en infectant plus d’une autre personne. Il me semble que cela aurait dû changer la donne en ce qui a trait aux protocoles à diffuser.

Lisez l’article de Scientific American (en anglais)

En lisant cet article, je suis demeurée à l’affût. Cela m’inquiétait dans le cadre de mes rares sorties, de mes visites en CHSLD. En mars, on semblait tellement craindre la pénurie d’équipement de protection individuelle que je me disais que c’était le principal motif de l’interdiction absolue de visites à partir du 14 mars en établissements d’hébergement des aînés. On avait peur de manquer de masques de procédure, donc on fermait la porte aux proches aidants. On avait plus peur des proches aidants que de la possible propagation entre collègues et de soignants à résidants !

Alors, nous, les proches aidants, qui faisions résolument confiance en nos gestionnaires et en nos soignants, mais avant tout aux experts en santé publique, devaient assister en toute impuissance à la débandade, à la désorganisation, au manque criant d’effectifs, à l’indigne accompagnement de nos aînés propulsés en fin de vie, déshydratés, esseulés, pendant que les familles se retrouvaient expulsées, culpabilisées de ne pas être présentes au chevet de leur proche parent.

Je juge cela scandaleux et révoltant. J’espère que les vrais responsables du record de décès, de la maltraitance organisationnelle se reconnaîtront d’abord et seront sanctionnés. Or, je persiste et signe, Danielle McCann ne doit pas porter à elle seule le blâme, pas plus que Marguerite Blais doit être accusée de laxisme, voire d’avoir fui ses responsabilités en début de confinement. Elles travaillaient avec acharnement, selon les connaissances que les experts leur transmettaient.

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